jeudi, décembre 07, 2006

Chateau l'harpiste!

Dans la rubrique "diner de con", je me voudrais moi, je voudrais tellement m'inviter à me moquer de moi-même et de ce que je dis en me posant des questions stupides et en me donnant des réponses toujours plus inintéressantes, mais avec une passion désarmante et sans limite. Et comme je suis le seul à savoir de quel sujet il s'agit, je vais pouvoir le développer ici sans géner personne.

Je voulais parler d'un mort, d'abord parce que c'est facile d'en refaire l'histoire, et c'est toujours plus drôle de se moquer des morts surtout récents, vos interlocuteurs faisant preuve d'un rire coincé, mais poli, d'une réponse inutile, mais prouvant qu'ils suivent, et d'un changement de sujet immédiat pour rasseoir l'agréable jovialité de la discussion qui prévalait avant cet écart sinistre.

Ferenc, mon copain, mon poto, mon ami tu me tiens chaud, et pourtant... et pourtant tu n'es plus. Le monde bien pensant s'en fout, parce qu'une personne comme toi dans la société actuelle et dans l'intelligentsia staracademienne, cela ne veut rien dire. Bref, fer de lance d'un peuple qui ne plie pas, symbole de succès unique et historique, d'une défaite plus célèbre que n'importe quelle victoire, d'une rédemption comme très peu en ont connu, il est mort d'une mort actuelle, où lui-même ne se souvenait plus de son histoire, c'est ce qu'on appelle l'ironie. Et je crie à l'injustice quand je vois Patrick Sébastion jouer à l'artiste, lorsqu'il est considéré, lui, comme un individu lambda, perdu dans les années 50 se déplacant en noir et blanc sur des images défraichies qui crient à ceux qui veulent bien l'entendre, que derrière ce grain d'image noircissant ce qu'il y avait de visible, "ô mon dieu on ne reverra plus ce genre d'aventures avant longtemps". Séquence émotions pour quelques privilégiés, ou zappage discret mais efficace sur la météo pour les autres, ceux qui s'en moquent, ceux qui se moquent, soldats tristes d'une armée de l'ombre pour qui la boue des tranchées est plus salvatrice et significative qu'un peu de rêve suranné, d'histoire un peu floue, mais d'Histoire un peu folle.

Oui je tape encore sur ceux qui ne pensent pas comme moi, terrible défaut pour une personne comme moi qui suis l'indulgence incarnée, la bonté paroxismique du possible de l'humain. Si c'est vrai, ceux qui me connaissent vous diront que je leur ai montré la voie, pas la direction, du moins pas encore, un peu de patience, mais déjà la voie, c'est pas mal. Enfin bon je ne comprendrai jamais comment le sérieux de la météo peut l'emporter de la sorte sur des morceaux de vie extra-ordinaire. C'est un constat sans appel sur le sérieux de la population, mais quel constat, mais quel sérieux. Et comme le disait très bien à son époque Charles de Secondat, Baron de la Brède, "Le sérieux est le plaisir des imbéciles". Certes, nous sommes tous d'accord sur ce point... mais si, messie, laissez moi vous convaincre: quand la bienveillance universelle d'un esprit éclairé laisse place au sérieux ridicule d'une personne se croyant investie d'une mission biblique, ou résumant à elle seule la connaissance des choses de la vie, n'est-ce pas triste, affligeant, bête ? Vous voyez, dis comme cela, tout le monde ici peut en citer, par pelletées même. Quelle folie peut donc bien les entraîner sur cette pente sans fond. D'ailleurs en parlant de fond, mettons-nous d'accord sur un autre point. Ces gens-là sont capables de toutes les fourberies pour justifier leurs scabreuses digressions. Mais ne nous laissons pas faire, regardons les choses en face et que voit-on?? hhum?? Que se cache-t-il de si honteux dans leurs discours indigents, mais qui ont leur auditoire, qui dénoncent toutes les vérités bouffies de banalités et de présomption que l'homme puisse entendre, et qui donnent le tourni aux naïfs? Le vertige, oui c'est le vertige, cette sensation ressentie lorsque l'on est perdu, mais allons encore plus loin. Qu'est-ce qui donne le vertige? LE VIDE, le sans fond, l'inconsistant vide dans lequel tout à chacun est prêt à tomber, parce que c'est plus facile. Ouf j'ai fini, et pensez-y la prochaine fois que je vous parlerai de Ferenc.