mercredi, juin 20, 2007

Gagner plus

20 ans. C’est le temps qu’il a fallu pour « être le premier, tout en haut de l’échelle, comme ses aigles noirs qui dominent le ciel ». Merci. Le premier qui trouve Jean-Jacques Goldman comme l’auteur de la citation a gagné une coupe gratuite Greg Coupet à l’OL Land en Sarkoland. 20 ans de victoires programmées, par le travail bien sur, la chance un peu, le talent en pincée, la malice en poignée, et l’argent en brassée. 20 ans pour passer du statut d’outsider respecté à celui de roi incontesté.
Et qui dit roi dit royaume, les aveugles sont bien sur des sujets dociles, mais ces deux hommes valent un peu plus quand même que le borgne qui aurait voulu être roi à leur place. Mais faut assumer.


Ces deux-là font déjà regretter la France à papa, celle qui perd au loto, va chercher son pain avec le journal sous le bras, une France tranquille qui veut rester à sa place et ne pas retrouver un lustre jalousé sur d’autres pays et sur une histoire dont finalement tout le monde se fout. Malgré tout, Giscard qui dit « au-revoir », Mitterrand qui dépose une rose à Moulin, Chirac dans sa CX, cela avait non seulement de la gueule sur le moment, mais c’était drôle et ses images font de leurs histoires des moments à part, des moments dont on peut se moquer avec le respect du citoyen devant la mandature suprême. Mais aujourd’hui il y a des victoires qui font peur, il y a des succès trop risqués pour donner envie de les vivre pleinement : pourtant rien de tel pour la démocratie qu’un président élu avec 80% des électeurs, rien de tel qu’un grand club, financièrement stable et sportivement durable, pour jouer les gros bras sur la scène européenne. Mais la démocratie et le sport ont perdu beaucoup en 2007. Les yeux se ferment, la respiration s’arrête, les poings se serrent et les regrets gagnent lorsqu’on se demande comment on a regardé le film défilé vers une fin si logique. La séance aura duré 20 ans. Hier encore…


Flash back.


1987. Les seconds couteaux tiennent enfin leur premier rôle. Ils entrent dans les ors, ils n’en ressortiront plus. Nicolas est chargé de mission au ministère de l’intérieur (déjà…) pour la lutte contre les risques chimiques et radiologiques… passons sur Tchernobyl, le nuage s’est arrêté chez les allemands, pour une fois qu’on gagne sur eux simplement grâce à la météo. Alors les postes de chargé de mission dans un ministère, c’est la récompense pour un travail bien accompli, après tout la droite est revenue au pouvoir et le petit Nicolas a le droit à son petit bureau dans son grand ministère. Jean-Michel s’offre un petit club de deuxième division d’une grande ville. L’ambition est grande pour les deux, les dents sont longues, très longues et les traces qu’ils laissent ressemblent étrangement aux tranchées de Verdun. La guerre est ouverte, les rendez-vous sont pris, et les combats iront jusqu’à l’anéantissement de toute forme d’opposition. Le RPR est revenu au gouvernement, et Lyon, deuxième ville de France, veut une équipe digne de ce nom.


Les deux hommes ne font pas encore les ouvertures des journaux, ils ne forceront pas la porte, ils passeront par la fenêtre. Personne n’en parle, on les oublie sans le savoir, c’est dommage…Ils vont se construire dans l’ombre pendant quelques années.


1993. Voilà le premier retour de l’expérience, de leurs ambitions de jeunesse, ils ne disaient rien jusqu’à cette période. Ils tissent leur réseau, construisent leur projet, se font connaître, se font craindre. Dans une ambiance de fin de règne socialiste et marseillais, ils tentent une percée. Nicolas est ministre du budget de Balladur dans un régime socialiste aux abois, dans une France qui connaît sa pire année de crise depuis le choc pétrolier et qui a raté son pari socialiste. Mitterrand se meurt dans un livre d’histoire, Chirac espère le seul titre qui lui manque, Balladur louvoie, Sarkozy n’a pas encore fait son choix, mais fait partie des quadras avec lesquels il faudra compter. Le djeune n’est pas encore prêt et chute dans un rêve de Premier ministre d’Edouard, l’impatience ne paie pas, la traversée du désert commence. Jean-Michel est là aussi, il voit le PSG essayer de devenir ce qu’il ne sera jamais, il attend la chute du grand Olympique, en espérant que le Rocher, le Duc de Bourgogne, ou les Canaris ne deviennent pas des clubs qui jouent le titre chaque année. L’OM disparaît et laisse son palmarès dans un livre d’histoire… aussi. La deuxième division est au bout, le rêve et la volonté ont fait oublier aux dirigeants les principes fondateurs du sport. Note pour plus tard. Et c’est ce même rêve qui anime Jean-Michel. D’ailleurs il confond, aussi, vitesse et précipitation, il achète quelques stars marseillaises pour aller plus vite, Olmeta, Pelé, Amoros, et Tigana à la baguette, mais l’effectif est trop moyen pour aller beaucoup plus loin.


1995. Chirac ne s’imagine pas quelqu’un pour le déborder, cela fait des années qu’il construit son équipe. Nicolas claque pourtant la porte et part… et perd. Seule la victoire compte, il est donc banni. Jean-Michel pense que son équipe de campagne est enfin assez forte pour aller chercher le titre. L’OM n’est plus, le PSG fait du PSG, Lyon voudrait bien…mais la vague nantaise ne laisse aucune chance aux rhodaniens. Une deuxième place qui va retarder de plusieurs années l’avènement promis.


Le purgatoire est là, la traversée du désert est là, elle ne durera pas 40 ans, juste le temps de construire et de ne pas précipiter. Le rendez-vous est pris pour les deux, ce sera le temps d’un septennat.


2002. Les jeunes loups vieillissent mais ne s’assagissent pas. Ils veulent tout et le temps est venu. Il est dur d’assumer d’être condamné à réussir, mais il l’est encore plus dur pour ceux qui regardent passer le train, ceux qui les aiment pourront toujours le prendre. Nicolas devient indispensable, populaire, hargneux, il affiche son retour au premier plan comme une étape et non comme une victoire ; la nuance est importante, il ne veut plus s’arrêter, les autres ne peuvent plus. Jean-Michel obtient eennffiinn le premier titre de son histoire. Il n’est pas encore totalement sacré, il obtient le premier titre, lui qui lorgne sur son voisin transalpin de Turin veut un CV similaire avec des dizaines de trophées, c’est le début, il faut travailler encore, il a la meilleure équipe de France, il veut pourtant davantage. Ils vont ensemble franchir tous les échelons, se battre et remporter toujours plus de victoires, au détriment d’une passion, d’une envie, d’une vague séduisante qui emporte certaines personnes au-delà des clivages. Nicolas fera du Jean-Michel, opiniâtre, volontaire, provocateur, et bien sûr Jean-Michel fera aussi du Nicolas. Les deux veulent la gloire, plus que les autres, personne ne peut les suivre dans leur ascension que ce soit d’un ministère à un autre, ou d’un terrain à un autre. Ils ont réussi le pari d’être considéré comme les vainqueurs, avant la fin du match, et au final oui, ils gagnent. 5 années pleines pour atteindre la prochaine étape, et que tout le monde puisse dire qu’ils sont arrivés « là où ils devaient arriver ». Mais le « tout le monde » se trompe lourdement… ils ne devaient pas arriver, ils le voulaient, seulement, simplement.


2007. Est-ce si facile d’en arriver là ? Non. Pourquoi alors y sont-ils arrivés ? Parce que. Nicolas est Président de la République, pour sa première candidature avec une Assemblée Nationale, un Sénat, les municipalités, le plus gros parti de France, no comment... Jean-Michel a un club qui enchaîne les titres d’une manière qui n’est jamais arrivée en France et pire, il est devenu Président du G14. Pour oser la comparaison, c’est un peu comme si Nicolas avait pour amis des grands industriels français, les médias avec lui et qu’il était à un poste décisionnaire de la politique française. Le G14, c’est comme si le CAC 40 s’occupait d’humanitaire. Ces deux hommes nous invitent donc à une danse endiablée pour les prochaines années, une danse où ils mènent, mais les croches pieds sont bien toujours autorisés si l’arbitre ne voit pas…


Le résumé des épisodes précédents touche à sa fin, et dans le cas où vous l’aurez oublié, gardez à l’esprit que Aulas est un anagramme de salau, et que Sarko est un anagramme de sarko.


A quoi peut bien penser Nicolas maintenant en se rasant ? Pense-t-il à la présidence de l’UE si un petit traité peut passer ? Est-ce que Jean-Michel va réussir à franchir son défi européen ? Se retrouveront-ils sur le toit de l’Europe ? Vous saurez cela dans le prochain épisode de « Nicolas et Jean-Michel, et si les deux tombaient à l’eau, on ne serait pas bien ? »