mardi, juillet 24, 2012

Anigo à nu - Commentaire composé

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Commentaire composé à partir de l'entretien de José Anigo, directeur sportif de l'OM et coupeur de têtes des entraîneurs depuis une dizaine d'années, dans Le Phocéen du 23/07/12 
 http://www.lephoceen.fr/infos-om/interview/anigo-tant-qu-on-n-aura-pas-vendu-exclu-jose-anigo-se-confie-101461


Le Phocéen : José, qu'avez-vous pensé des banderoles hostiles à votre égard lors de la rencontre face à Nîmes ?

José Anigo : "Cela n'a aucun intérêt pour moi.
Attention il faut écouter la plèbe, sinon c’est la révolution.
Je ne veux pas accorder plus d'importance que ça à ce qui est ridicule.
Oui c’est très clair. On fera l’entretien très court alors.
On est dans un projet de reconstruction avec un nouvel entraîneur
Breaking news : « Conscient de ses capacités physiques, bien plus que pour les autres, M. José Anigo, assisté de son nouvel entraîneur, ont décidé de finir la reconstruction du Stade Vélodrôme à eux deux. Bel effort pour ces hommes de valeur. »
, et donner l'intérêt à ça, c'est leur accorder de l'importance,
Ah non pardon, on ne peut pas négliger le gros œuvre de la sorte. Certes il faudra voir avec les finitions, mais on vous fait confiance. Vous avez bien démoli plusieurs entraîneurs, vous pouvez bien construire un mur.
ce dont je n'ai pas envie, car c'est tout sauf des supporters. La seule chose importante pour moi c'est de me concentrer sur mon travail, et du travail il y en a, il y a des choses importantes à faire au club aujourd'hui."
Oui nous voyons cela. Alors aujourd’hui c’est quoi : les murs-porteurs, le gainage, poncer les volets, poser les radiateurs, brancher le sanibroyeur ?
Cela ne vous touche pas personnellement ?
J.A. : "Non. Les gens qui t'aiment bien, ils ne viendront jamais faire des banderoles pour te le dire que ce que tu fais est bien.
Le syndic est toujours un peu chiant, il faudrait quand même s’en méfier José.
La plupart du temps, ceux qui font ça, ce sont des gens qui ne t’aiment pas, et on ne peut pas forcer les gens à t'aimer.
Si si il y en a qui ont essayé, mais ils ont eu des problèmes.
Et quand on m'accuse de manipuler les supporters depuis longtemps, si c'était vrai, je ne me retrouverai pas avec des banderoles contre moi !
Bah si… en fait. C’est même peut-être la seule raison. Parce que tu le fais mal.
De plus, la plupart des leaders de groupes de supporters m'ont appelé pour me dire qu'ils ne se reconnaissaient aucunement dans ce qui a été fait là-bas. Ils se sont désolidarisés de ce genre de connerie, car le club a besoin de cohésion et pas de ce genre de choses.
Oui et en matière de cohésion, tu en connais un rayon de Leroy Merlin.
Après il y a l'aspect club.
Le crépi, la façade.
Des gens ont jeté des fumigènes sur la pelouse :
J’ai été obligé de repeindre toutes les lignes au tip ex pour éviter que ça ne s’efface de nouveau.
ces gens-là ont été répertoriés, ils seront poursuivis,
(ndlr : Par des pitt-bulls enragés).
car le club ne mérite pas d'être pénalisé, même lors des matchs amicaux par des gens qui n'ont pas de responsabilités."
Et oui bien évidemment. Par ailleurs, ceux qui ont des responsabilités peuvent le pénaliser, c’est comme ça que tu justifies ton salaire depuis tant d’années.
Certaines rumeurs ont fait état de déclarations de votre part concernant Ryad Boudebouz ?
J.A. : "Non, ce n'est pas vrai. De toute façon, tant qu'on n’aura pas vendu, on aura très peu de chance de faire quelque chose. L'actionnaire a été très claire. On est contraint de vendre avant d'acheter, et malheureusement je suis dans l'obligation d'attendre ça. Mon plus gros travail aujourd'hui est de voir s'il y a des propositions pour quelques-uns de nos joueurs, et après en fonction de ça, on aura la possibilité d'acheter derrière."


C’est qui derrière ?
Comment va se régler le cas Alou Diara, qui a repris l'entraînement avec cinq jours de retard ?
J.A. : "Il va prendre une amende, puisqu'il a eu cinq jours de retard. Le club doit garder vis-à-vis du groupe une certaine logique de règlement intérieur qui est valable pour tous. "

Qu'en est-il de la cuisse de Loïc Rémy, touché contre Benfica ?
J.A. : "Il est resté à Marseille pour un protocole de soin à terminer. Diawara devrait peut-être lui nous rejoindre mercredi."

Lors de la préparation quels sont les jeunes qui vous ont le plus surpris ?
La question où le directeur sportif marche déjà sur le nouvel entraîneur avant même le début du championnat.
J.A. : "Ceux qui ont marqué des points et qui ont montré un potentiel pour rester avec le groupe c'est d'abord Abdulah, qui a beaucoup plu à l'entraîneur, puis Bangoura, même s'il n'est pas là pour le second stage. Aujourd'hui il y a une jeune génération avec Jobello par exemple, qui est intéressante. Après les autres, Aloé, Diop, Anani, Sy, ce sont des jeunes qui reviendront durant la saison. Ce ne sera jamais autant ouvert pour eux que maintenant."

On ne vous a pas vu cette semaine avec le groupe, cela veut dire que vous étiez sur des dossiers...
Oui le ravalement a pris du retard, je peins moi-même à la brosse à dents.
J.A. : "(rires) Oui, je bosse sur des dossiers. Même si on n'a pas d'argent, je me prépare à ce qu'on en ait un peu. Je me prépare à avoir des réponses quand on aura un peu d'argent, et qu'on aura vendu un ou deux joueurs. Il faut répondre à la demande du coach, c'est pour ça que je continue à regarder à droite et à gauche ce qui est intéressant."
Regarde l’avant et l’arrière quand même, qu’on soit bien complet.


Sur Twitter @TheSpoonerWay

A retrouver sur horsjeu.net : http://horsjeu.net/transferts/au-courrier-du-coeur-jose-se-met-a-nu/

lundi, juillet 16, 2012

Manu Petit - Commentaire composé

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Sans la permission de L'Express, voici une reprise en toute liberté des propos d'Emmanuel Petit lors d'un entretien publié la semaine dernière à cette adresse : http://www.lexpress.fr/actualite/sport/football/emmanuel-petit-on-demande-trop-souvent-a-la-generation-98-de-jouer-les-sauveurs_1137578.html

Il n'y a pas de coupure. juste des petites commentaires ajoutés pour aider le simple mortel à bien comprendre.

L'ancien milieu de terrain de l'équipe de France dresse un portrait sans concession des Bleus d'hier et d'aujourd'hui, sans mâcher ses mots. Interview. 

La crinière est intacte. Le franc-parler, aussi. L'homme du troisième but contre le Brésil en finale de la Coupe du monde de 1998 délaisse les terrains depuis sept ans, mais il a toujours beaucoup de choses à dire. Désormais consultant pour la télévision, il dresse un portrait sans concession des Bleus d'hier et d'aujourd'hui. Où il est question de l'Euro, de fric, de ses relations complexes avec l'icône Zidane, et de l'utilité du service militaire dans le football... 

Il y a quatorze ans tout juste, la France remportait la Coupe du monde contre le Brésil. On a l'impression que c'était il y a un siècle...

Bon c’était le siècle dernier mais votre interlocuteur n’est pas aussi vieux que vous le pensez, jeune journaliste.

Pour moi, c'est à la fois lointain et tout proche. En quatorze ans, je n'ai regardé la finale que trois fois. C'est comme un trésor que je garde sous scellés, que je ne veux absolument pas banaliser. Jusqu'à mon dernier souffle, je me souviendrai de ce qu'on a vécu et des émotions que nous avons données au public. Au café, au restau, dans la rue, il n'y a pas un jour où l'on ne m'en parle pas. 

Le fait de rester, pour les Français, "l'homme du troisième but" vous pèse-t-il, parfois?
On ne sent pas beaucoup d'amour chez les Bleus aujourd'hui 

Au contraire, ça me touche beaucoup! Je préfère marquer les esprits de belle manière plutôt que dans un bus à Knysna... Je crois aussi que les événements récents ont souligné les différences entre notre génération et l'actuelle, comme si elles s'opposaient. 

Comme si nous on dirait qu’on était les gentils et que les autres on dirait qu’ils sont les méchants, en plus c’est nous qui gagnent à la fin, donc carrément cassés les racailles.

Tout aurait changé en quatorze ans?

Pas tout, mais beaucoup de choses. On ne sent pas beaucoup d'amour chez les Bleus aujourd'hui. Quand je suis arrivé dans ce milieu, je voulais devenir célèbre et gagner de l'argent, bien sûr, mais je voulais aussi partager des émotions avec les Français, communier avec eux.

Oui enfin assez humblement je voulais réunir les Français entre l’homme de foi et l’homme qui fait la Une de Voici que je suis. Une sorte de personnalité complexe qui vous comprend mais qui s’en fout pour toucher de la grosse thune.

A l'époque, la réussite financière était fondée sur la méritocratie. J'ai commencé avec un salaire de 8000 euros par mois, j'ai fini avec 400 000, droits d'image compris.

TTC ou HT

T’avais les tickets restau ???

C'est beaucoup, évidemment, mais l'évolution a suivi ma progression sur le terrain.  
Aujourd'hui, dès qu'un jeune aligne quatre bons matchs, on déchire son contrat et on met en jeu des sommes colossales. C'est n'importe quoi! L'appât du gain est immense. Il y a aussi un grave problème de respect des aînés. La hiérarchie est constamment remise en question par les joueurs, à l'image de ce qui se passe dans notre société.

J’aurais bien aimé qu’Emmanuel « Bourdieu » Petit développe un peu la fin de la phrase. Tu veux dire que quand la gauche passe, c’est un problème de respect de la hiérarchie ?

Donc, oui, il y a de grandes différences. Ce n'est peut-être pas un hasard si j'appartiens à la dernière génération ayant connu le service militaire. Il agissait comme un cadre, un cours intensif de vie en collectivité. 

Oui d’ailleurs parlons-en du service militaire genre on intègre tout le monde : on t’a coupé ta queue de cheval de Dalida là-bas ou pas. Juste pour savoir si tu parles du même service.

Le coup de tête en finale du Mondial et le crachat contre un arbitre, c'est quand même à vos ex-coéquipiers Zidane et Barthez qu'on les doit...

Je sais, j'étais présent quand Fabien a craché sur l'arbitre marocain. Mais il faut savoir que le climat sur le terrain était détestable ce jour-là. Certains joueurs avaient été victimes d'agressions physiques et verbales. Le contexte était très tendu, même si ça n'excuse pas le geste de Fabien.

Non mais on sent que pour toi ça lui donne quand même un contexte favorable que tu ne vas pas trouver chez le jeune d’aujourd’hui. Celui qui joue et pas toi.

Bien sûr que les mauvais comportements existaient avant. Mais ils étaient plus rares et les joueurs concernés avaient déjà tout prouvé, à l'image d'un Zidane ou d'un Cantona. Il faut également parler de la réaction des institutions face à ces dérapages. Quand le président de la République absout le "coup de boule" de Zidane, le message envoyé est inquiétant. Il alimente la perte de repères, l'absence de la notion de respect, qui font tant de mal à notre société. 

Non ce qui est inquiétant dans cette « absolution », Emmanuel, c’est que le Président aborde ce sujet-là entre la guerre en Afghanistan, la pauvreté dans le monde et un lifting de Carla.

Comment avez-vous vécu le parcours des Bleus au dernier Euro?

Comme tous les Français: douloureusement.

1er sous-entendu : tu es le porte-parole des Français.
2è sous-entendu : tous les Français pensent la même chose. Les cons.
3è sous-entendu : contrairement à ce qu’on pourrait, tu es comme tous les Français. Wait…

Depuis le coup de boule de Zidane, en 2006, c'est la traversée du désert... J'étais prêt à les aimer à nouveau, ces Bleus, après des années de frustration et de honte.

Quel amour gâché. Eux n’attendaient que ta déclaration d’amour.

Sur le plan sportif comme sur celui de l'image, des progrès ont été faits.

Tu veux parler de la défense du droit d’image ?? Celui compris dans tes 400 000 de fin de carrière ??

Mais, comme tout le monde, j'attendais trop, et j'ai été déçu.

Quelle fougueuse maîtresse tu aurais faite !

Quelques arrogants ont balayé deux années de travail et le bon comportement d'une majorité silencieuse. C'est triste. 

1er sous-entendu : la majorité silencieuse, c’est toujours les gentils.
2è sous entendu : il n’y a pas d’arrogance silencieuse.
3è sous-entendu : il faut choisir son camp : être arrogant et tout gâcher, être silencieux et bien se comporter, mais ne pas pouvoir empêcher le carnage.
4è sous entendu : dis-moi Emmanuel, toi qui aimes qu’on te rappelle ton côté rebelle voire grande gueule du foot français, du coup tu crois que tu te situes où ?



Une suspension de quelques matchs me semble adaptée. Deux ans, c'est démesuré. Regardez Ribéry: à l'Euro, on a retrouvé le joueur de 2006, collectif, audacieux, humble... 

Non rien, on ne peut pas remettre en question le verdict d’un juge tel qu’Emmanuel.

Mais Nasri avait été rappelé à l'ordre après France-Angleterre, ce qui ne l'a pas empêché d'insulter un journaliste douze jours plus tard. Vous pensez vraiment que quelques matchs suffiront à changer sa mentalité?

Sous-entendu du journaliste : « Non parce que l’enchaîner et le forcer à regarder les bisounours pendant des mois, ça peut marcher, comme dans Orange mécanique. »

Il avait été recadré avant l'Euro aussi... Nasri qui règle ses comptes en célébrant son but, c'est le triomphe de l'individualisme sur le collectif, c'est totalement déplacé.

Eh oui parce qu’une bande d’Islandais qui fête un but en imitant un mec aux chiottes, c’est le symbole de la fraternité et de l’égalité devant la constipation.

Mais, croyez-moi, la vraie sanction viendra du public.  

Je suis à un doigt de penser que Petit a dit « peuple ».

Prenez Ribéry, encore:

Oui mais seulement en levrette ou avec un sac.

 il a fait une saison remarquable avec le Bayern, et pourtant, chaque fois qu'il joue en bleu, on a l'impression qu'il dispute son dernier match. Il a connu une traversée du désert et il s'en est sorti. Si Nasri veut remonter la pente, c'est à lui de donner des gages de respect au public. Sinon, il va passer à côté de sa carrière. 

Je suis à un doigt de penser que Petit a dit « Carrera ».

Aurait-il fallu taper plus fort après la grève des joueurs en Afrique du Sud?

Il aurait fallu taper différemment, surtout. On a voulu couper quelques têtes, alors que toute l'équipe se trouvait dans le bus. Ce n'est pas logique. 

Il aurait fallu couper la tête du bus, c’est lui le traître. Logique.

Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football, vient d'annoncer le gel des primes prévues pour les joueurs après l'Euro. Pensez-vous, comme Michel Platini et la ministre des sports, Valérie Fourneyron, que les Bleus devraient renoncer à cet argent?

Merci de nous rappeler le nom de la Ministre des sports, j’avais oublié.

Non, je trouve cette position démago. En 1978, pendant la Coupe du monde en Argentine, les Bleus ont connu un problème de primes et il me semble que Platini n'avait pas le même avis qu'aujourd'hui...

Ils avaient aussi un problème de maillot lors du 3è match, contexte différent.

Un contrat signé doit être respecté. Après, les joueurs sont libres de rendre cet argent s'ils n'arrivent pas à dormir la nuit. 

Oui mais comment ils pourront payer leur sortie en boîte ??

Depuis votre retraite, en 2005, vous jouez le rôle de consultant dans les médias, au risque de passer aux yeux de certains pour un donneur de leçons.

J'ai entendu ce reproche, mais mieux vaut un donneur de leçons qui sait de quoi il parle plutôt qu'un expert incompétent, non? 

On ne saurait être plus d’accord. Du coup tu rends ton salaire tous les mois ?

Certes, mais pour vous aussi l'aventure en Bleu a connu des ratages. On pense à cette élimination sans gloire au premier tour de la Coupe du monde en 2002...

C'est vrai, et le pire, c'est que la chute était prévisible. On n'a pas agi en professionnels. On s'est comportés comme des divas, c'était le Festival de Cannes en Corée du Sud... Mais nous étions aussi en fin de cycle. 

Sous-entendu : la fin de cycle arrive quand tu as tout gagné et que tu peux tout te permettre.

Qu'est-ce qui vous empêche de vous impliquer sur le terrain, aujourd'hui

Mais je suis déjà très impliqué dans le football! Quant au rôle d'entraîneur, je commence doucement à y penser. J'ai suivi une formation il y a cinq ans à Limoges, que je dois compléter.

Sous-entendu : je n’ai pas fini mon cursus.

Le monde du foot est tellement protectionniste... Je regrette que les joueurs aient si peu de place dans les grandes institutions. Certains sont pourtant très motivés et attendent leur place. 

Leur place ou leur tour ?

Quelle pourrait être la vôtre?

J'aimerais bien un jour intégrer la Ligue ou la fédération pour défendre les valeurs auxquelles je crois. Ces trois dernières semaines, beaucoup m'ont approché pour que je me porte candidat à la présidence de la fédération. C'est sans doute prématuré et ça fera peut-être sourire certains, mais je suis prêt à apprendre et, si on me donne une mission, je m'investirai à 200%. J'ai des défauts, mais on peut compter sur moi. En revanche, si d'ici à quelques années rien ne se passe, je tournerai définitivement la page du foot. 

SI on ne t’apporte pas la place de président sur un plateau ? ou parce que le vote te fait peur ? Ah les limites de la démocratie…


Selon un récent sondage, seuls 20 % des Français éprouvent de la sympathie pour les Bleus. Que faut-il faire pour réconcilier les joueurs avec leur public?

Il faut leur faire respecter un code de bonne conduite, mais aussi les responsabiliser, quitte à les impliquer, parfois, dans le processus de sanctions, comme cela est arrivé récemment en NBA. Il faut surtout qu'on apprenne à vivre les uns avec les autres. Prenez l'Espagne: vous croyez qu'il n'y a pas de fortes têtes au sein de la Roja? Les joueurs espagnols se connaissent parfaitement. Ils évoluent dans un ou deux clubs, se voient tous les jours, et ça fait toute la différence.

Ok mais sans aucun rapport.

Je ne parle pas que de football. La France est clivée.

Ok mais sans aucun rapport #2.

Les jeunes nés en France issus des pays du Maghreb ou de l'Afrique noire ne se sentent malheureusement pas, et à juste titre, considérés comme de vrais Français. De leur côté, certains ne font pas tout pour s'intégrer. Chacun a des responsabilités mais on doit aller les uns vers les autres. 

On tire à la courte paille qui fait le premier pas ou on attend le quart d’heure américain ?

L'autre différence entre les Bleus et la Roja, c'est que personne ne moufte dans le vestiaire espagnol. Comment jugez-vous le bilan de Laurent Blanc à la tête du Onze tricolore? On n'a pas beaucoup entendu votre génération critiquer cet ancien coéquipier.

S'attaquer à une icône, c'est difficile... Laurent Blanc a fait de bonnes choses, mais au niveau de la gestion des hommes il a failli. On lui a déroulé le tapis rouge, et j'ai l'impression qu'il est venu un peu en opportuniste.  

C’est vrai qu’un titre de champion après sa première saison, cela n’a aucun sens.

Pour moi, Laurent Blanc ne s'est pas comporté en patron 

Il a quand même laissé Valbuena sur la touche tout l’Euro.

En Ukraine, il n'a pas suffisamment fait jouer la concurrence.

Oui mais il a laissé Valbuena sur la touche tout l’Euro, il faudrait savoir.

Avec Nasri, il aurait dû se montrer beaucoup plus ferme, marquer son territoire, comme Joachim Löw, le sélectionneur allemand, lorsqu'il a exclu Kevin Kuranyi définitivement de la sélection. Kuranyi a eu beau s'excuser publiquement, Löw n'a pas cédé. C'était une manière de dire à tous: c'est moi le boss! Pour moi, Blanc ne s'est pas comporté en patron. 

C’est ce que Domenech a fait en 2010, on a vu le résultat.


Didier a fait ses preuves. Le métier d'entraîneur est dans son ADN. Cela dit, j'estime qu'il aurait été préférable de marquer une coupure avec la génération 98, à laquelle on demande trop souvent de jouer les sauveurs. Au risque, parfois, de se décrédibiliser, et de galvauder l'héritage.

Sous-entendu : ma potentielle place de président de la fédé dans plusieurs années.

Vous savez, quand on regarde les problèmes du football français et de la société, la question du sélectionneur est anecdotique. C'est un sparadrap sur une grosse blessure.  

Couper les têtes n’est plus suffisant, il faut amputer maintenant.

Et l'option Zidane?

Pour moi, c'était le choix du coeur, mais dans quelques années. Disons que c'était prématuré, notamment parce qu'il n'a pas encore tous ses diplômes.

Comme toi Manu.


Il doit finir son MBA.

Vous l'aviez égratigné dans votre autobiographie, en 2008, notamment pour sa proximité avec les grands patrons. Où en sont vos relations?

Nulle part. La dernière fois qu'on s'est parlé, c'était en 2008. On s'est vus à Paris, dans un salon de l'hôtel Park Hyatt, pendant deux heures. Il m'a expliqué son point de vue, je lui ai expliqué le mien, et nous ne sommes pas tombés d'accord... Mais cela n'empêche pas le respect. Zidane est une immense icône dont l'aura dépasse largement le cadre du sport... Ce n'est pas facile de s'exprimer quand on représente autant pour les gens, et je le comprends.  

Tu m’étonnes, tu le comprends parce que toi aussi tu as ce problème d’immense icône.


Cela me gêne. Quand le Maroc ou l'Egypte ont posé leur candidature, je n'ai pas entendu Zizou les soutenir... 

Non parce que faire construire 20 stades climatisés au Maroc ou à l’Egypte, c’est totalement responsable.


Je suis archi contre. Je trouve cette mesure populiste et démotivante pour ceux qui ont pris le risque de monter leur propre affaire. J'ai accompagné la création de plusieurs entreprises. On se trompe de cible et cela va se retourner contre nous. 

Oui enfin toutes les entreprises ne font pas gagner 1 million d’euros à leur dirigeant. Droit d’image compris.

Sept ans après l'arrêt de votre carrière, vous restez un personnage à part dans le milieu. Vous n'en avez pas assez d'être un peu le marginal du foot français?

(Il sourit) Si, souvent. Mais quand je me lève,

et je te bouscule

 le matin, je me sens investi d'une mission qui dépasse le football. C'est con, mais c'est plus fort que moi... Renier ces valeurs, c'est me renier moi-même. Ça ne fait pas de moi pour autant l'écorché vif qu'on décrit. J'ai toujours trouvé ridicule cette étiquette, d'ailleurs. Moi, je dis juste ce que je pense dans un monde où règne trop souvent la langue de bois.  

Et un monde où le bois règne, c’est qu’on bouffe de la sciure et qu’on se fout des échardes partout.

Sur Twitter @TheSpoonerWay
 A retrouver sur horsjeu.net : http://horsjeu.net/fil-info/au-courier-du-coeur-manu-le-grand-vs-the-spooner/