Le journalisme vrai - Les cloches de Notre-Dame vont être jalouses - Lettre à Pierre Ménès
Les journalistes sportifs français sont des hommes heureux et préfèrent commenter leurs errements consanguins plutôt que de travailler cette semaine sur les révélations d'Europol. De leur tour qui n’a rien d’ivoire, ils repoussent les
limites de l’autisme et raccourcissent leur vue à un horizon où même le bout de
leur nez leur demeure inaccessible.
Evidemment en parler, c’est faire leur
publicité, mais finalement quel risque y a-t-il lorsque ces personnes occupent
déjà les principaux créneaux. Il y en a deux : le premier faire notre
publicité ; le second user de leur aura professionnel pour fermer le peu
de portes encore ouvertes, une sorte de réflexe corporatiste assez commun,
voire pavlovien.
En 10 jours, il y en a un qui va au-delà de
l’acceptable, confinant sans aucun doute aux frontières de la bêtise. En disant
cela, je me place sous ma bienveillance, lui qui n’est « jamais fermé au
dialogue ». Rappel rapide des faits, insultes envers Jérôme Latta,
moquerie sur la manière de s’habiller de Valbuena et enfin une insulte visant
Luis Fernandez.
Rien de grave au demeurant si ce n’est les
répercussions de la dégaine facile. Car cet homme avec tout ce que le
« h » peut avoir de petit, s’appuie bien évidemment sur ses
supporteurs, à peine blâmables n’ayant que ce genre de réparties à se mettre
sous la main. Sans référence autre finalement, on s’habitue au pire, c’est le
principe un brin extrapolé du mythe de la caverne.
Sans juger son parcours, bien qu’il serait
aisé de ressortir des images de ses accoutrements successifs selon les médias
qui le diffusent depuis la fin des années 90, le jeune consultant télé qu’il
était à l’époque, faisait preuve de moins de gaillardise lorsque Didier
Roustand l’a sorti des cartons de L’Equipe pour ses émissions hebdomadaires sur
L’EquipeTV. La confiance venant, on l’a vu mettre à mal des journalistes de
bonne volonté sur M6, sous prétexte d’un bon mot plein de mépris et peut-être
de rancœur pour des collègues plus jeunes et plus doués que lui. Seul Hervé
Mathoux, qui doit sa légitimité aux yeux de Pierre Ménès par le média qu’il
représente, est à peu près épargné jusqu’à maintenant.
Mais gare à qui ne porte pas la culotte. Mais
gare à qui ne peut le nourrir. Mais gare à qui viendrait le contredire. Mais
gare à qui viendrait critiquer ceux qui lui ont apporté légitimité par des
pseudos scoops. Certains anciens joueurs de premier plan en font partie, c’est
un secret que lui seul évente généreusement depuis 10 ans.
Visiblement en pleine dépression, il n’y a pas
d’homme si méchant sans être profondément triste, Pierre Ménès interroge.
Est-ce que la prise à partie systématique fait
partie du champ de compétence des journalistes ? Est-ce que l’insulte est
une forme de réponse à adopter pour nous, simples mortels, ratés, jaloux, ne
souhaitant finalement que prendre sa place qu’il pense encore enviée ?
Est-ce que le foot est arrivé à un niveau si alarmant de beauferie que les
tenants des relais médiatiques les plus importants en nombre, doivent gaver
ceux qui les paient, les spectateurs, d’autant de bile ?
Sport universel, le football dans son
microcosme est donc loin d’être consensuel et la grande famille, dont j’ai la
prétention d’être membre, n’en finit plus de se déchirer sur des sujets qui
n’en sont pas. Les feux n’ont plus le temps de s’éteindre qu’une catastrophe
supplémentaire se trame dans un autre coin de la planète médiatique. Il serait
facile de reconnaître que Pierre Ménès n’est pas le seul acteur de cette
débâcle générale, mais à défaut d’aimanter les débats, il attise les disputes et
on le retrouve toujours dans les mauvais coups. Certes le bon mot, le second
degré, la prise de distance sont des éléments identitaires de tout métier
sérieux. Mais tout de même.
Comment pouvez-vous continuellement vous
abaisser à cela ? Comment pouvez-vous en toute dignité respecter vos
auditeurs/spectateurs/lecteurs quand vous les prenez à partie dans des
règlements de compte qui ne sont pas les leurs ? Et l’explication
systématique en disant que ceux qui vous en veulent n’ont pas d’humour/sont
pleins de haine/sont des anarchistes/ne respectent rien ni personne etc. ne
peut pas être satisfaisante, même en reconnaissant que vous subissez plus
d’attaques que les autres, sans doute parfois de manière disproportionnée.
Contrairement à ce que vous pensez, peu de gens
vous veulent du mal, mais vous faîtes mal au sport qui devrait nous réunir. Et
cela, peut-être que vous ne vous en rendez pas encore compte, en détruisant
toute analyse qui pourrait être bonne ou au moins sujette à débat avec des
interlocuteurs qui n’ont rien à faire de vos états d’âme, de votre
susceptibilité ou de l’image que vous avez de vous-même. Même si vous feignez
de ne pas vous en préoccuper.
Au final, puisqu’il s’agit selon vous, de
gaudriole entre gens de qualité que les autres ne peuvent pas comprendre, ou
alors ils ne méritent que mépris, j’en viens à plaindre vos nombreux employeurs.
Ils n’accepteront pas longtemps d’être complices d’une si flagrante décadence.
Ou vous finirez entre vous.
Il vous sera cependant difficile d’expliquer tous
vos écarts car les justifications vont venir à manquer, la seule qui fonctionne
encore un peu est effectivement, et vous le savez très bien, celle d’un humour
incompris. Il est certain qu’aujourd’hui, vous créez des envieux car vos
clochettes de bouffon résonnent beaucoup plus que les cloches nouvellement
bénies de Notre-Dame.
Sur
twitter @TheSpoonerWay
A rettrouver sur carnetsport.com : http://www.carnetsport.com/les-cloches-de-notre-dame-vont-etre-jalouses-du-journalisme/
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