mercredi, février 06, 2013

Le journalisme vrai - Les cloches de Notre-Dame vont être jalouses - Lettre à Pierre Ménès


Les journalistes sportifs français sont des hommes heureux et préfèrent commenter leurs errements consanguins plutôt que de travailler cette semaine sur les révélations d'Europol. De leur tour qui n’a rien d’ivoire, ils repoussent les limites de l’autisme et raccourcissent leur vue à un horizon où même le bout de leur nez leur demeure inaccessible.

Evidemment en parler, c’est faire leur publicité, mais finalement quel risque y a-t-il lorsque ces personnes occupent déjà les principaux créneaux. Il y en a deux : le premier faire notre publicité ; le second user de leur aura professionnel pour fermer le peu de portes encore ouvertes, une sorte de réflexe corporatiste assez commun, voire pavlovien.

En 10 jours, il y en a un qui va au-delà de l’acceptable, confinant sans aucun doute aux frontières de la bêtise. En disant cela, je me place sous ma bienveillance, lui qui n’est « jamais fermé au dialogue ». Rappel rapide des faits, insultes envers Jérôme Latta, moquerie sur la manière de s’habiller de Valbuena et enfin une insulte visant Luis Fernandez.

Rien de grave au demeurant si ce n’est les répercussions de la dégaine facile. Car cet homme avec tout ce que le « h » peut avoir de petit, s’appuie bien évidemment sur ses supporteurs, à peine blâmables n’ayant que ce genre de réparties à se mettre sous la main. Sans référence autre finalement, on s’habitue au pire, c’est le principe un brin extrapolé du mythe de la caverne.

Sans juger son parcours, bien qu’il serait aisé de ressortir des images de ses accoutrements successifs selon les médias qui le diffusent depuis la fin des années 90, le jeune consultant télé qu’il était à l’époque, faisait preuve de moins de gaillardise lorsque Didier Roustand l’a sorti des cartons de L’Equipe pour ses émissions hebdomadaires sur L’EquipeTV. La confiance venant, on l’a vu mettre à mal des journalistes de bonne volonté sur M6, sous prétexte d’un bon mot plein de mépris et peut-être de rancœur pour des collègues plus jeunes et plus doués que lui. Seul Hervé Mathoux, qui doit sa légitimité aux yeux de Pierre Ménès par le média qu’il représente, est à peu près épargné jusqu’à maintenant.

Mais gare à qui ne porte pas la culotte. Mais gare à qui ne peut le nourrir. Mais gare à qui viendrait le contredire. Mais gare à qui viendrait critiquer ceux qui lui ont apporté légitimité par des pseudos scoops. Certains anciens joueurs de premier plan en font partie, c’est un secret que lui seul évente généreusement depuis 10 ans.

Visiblement en pleine dépression, il n’y a pas d’homme si méchant sans être profondément triste, Pierre Ménès interroge.

Est-ce que la prise à partie systématique fait partie du champ de compétence des journalistes ? Est-ce que l’insulte est une forme de réponse à adopter pour nous, simples mortels, ratés, jaloux, ne souhaitant finalement que prendre sa place qu’il pense encore enviée ? Est-ce que le foot est arrivé à un niveau si alarmant de beauferie que les tenants des relais médiatiques les plus importants en nombre, doivent gaver ceux qui les paient, les spectateurs, d’autant de bile ?

Sport universel, le football dans son microcosme est donc loin d’être consensuel et la grande famille, dont j’ai la prétention d’être membre, n’en finit plus de se déchirer sur des sujets qui n’en sont pas. Les feux n’ont plus le temps de s’éteindre qu’une catastrophe supplémentaire se trame dans un autre coin de la planète médiatique. Il serait facile de reconnaître que Pierre Ménès n’est pas le seul acteur de cette débâcle générale, mais à défaut d’aimanter les débats, il attise les disputes et on le retrouve toujours dans les mauvais coups. Certes le bon mot, le second degré, la prise de distance sont des éléments identitaires de tout métier sérieux. Mais tout de même.

Comment pouvez-vous continuellement vous abaisser à cela ? Comment pouvez-vous en toute dignité respecter vos auditeurs/spectateurs/lecteurs quand vous les prenez à partie dans des règlements de compte qui ne sont pas les leurs ? Et l’explication systématique en disant que ceux qui vous en veulent n’ont pas d’humour/sont pleins de haine/sont des anarchistes/ne respectent rien ni personne etc. ne peut pas être satisfaisante, même en reconnaissant que vous subissez plus d’attaques que les autres, sans doute parfois de manière disproportionnée. 

Contrairement à ce que vous pensez, peu de gens vous veulent du mal, mais vous faîtes mal au sport qui devrait nous réunir. Et cela, peut-être que vous ne vous en rendez pas encore compte, en détruisant toute analyse qui pourrait être bonne ou au moins sujette à débat avec des interlocuteurs qui n’ont rien à faire de vos états d’âme, de votre susceptibilité ou de l’image que vous avez de vous-même. Même si vous feignez de ne pas vous en préoccuper.

Au final, puisqu’il s’agit selon vous, de gaudriole entre gens de qualité que les autres ne peuvent pas comprendre, ou alors ils ne méritent que mépris, j’en viens à plaindre vos nombreux employeurs. Ils n’accepteront pas longtemps d’être complices d’une si flagrante décadence. Ou vous finirez entre vous.

Il vous sera cependant difficile d’expliquer tous vos écarts car les justifications vont venir à manquer, la seule qui fonctionne encore un peu est effectivement, et vous le savez très bien, celle d’un humour incompris. Il est certain qu’aujourd’hui, vous créez des envieux car vos clochettes de bouffon résonnent beaucoup plus que les cloches nouvellement bénies de Notre-Dame. 


Sur twitter @TheSpoonerWay

A rettrouver sur carnetsport.com : http://www.carnetsport.com/les-cloches-de-notre-dame-vont-etre-jalouses-du-journalisme/