L'éditroll sur Moustaki - Réponse aux Inrocks - Château l'harpiste
Cher lecteur,
Je m'adresse à toi au singulier car tu es unique, et je tiens à ce que tu le saches, et il me serait désagréable que tu sois désappointé par les lignes qui suivent. Suite à l'édito putassier de Pierre Sankowski, rédac en chef des Inrocks, sur les "Incidents du Troca", un peu comme les "Evénements d'Alger" mais en moins pire, j'ai décidé en mon nom propre, car moi j'assume mes textes sans me couvrir par un titre en désuétude, de réaliser moi-même un édito sale sur le décès de M. Moustaki. Le fond n'a aucun sens, comme le texte de M. Sankowski, mais au moins j'ai la prétention, et la certitude, de vous présenter des lignes mieux écrites et des formules mieux tournées. Ne vous y trompez pas, vous êtes ici en train de lire un support en devenir. Contrairement aux Inrocks.
Château l'harpiste
Georges Moustaki
est mort et ce sont tous les passionnés de l’antichambre de la poésie qui sont
en deuil. Il s’est éteint à l’heure où Blanc chie sur la campagne, à l’âge de
79 ans, un bel âge pour ceux qui n’ont plus rien à dire depuis 30 ans.
Son fait d’arme le
plus glorieux reste quand même d’avoir culbuté Barbara à une époque où pas mal
de mâles souhaitaient tâcher sa longue robe brune de stagiaire. Il reste
exagéré de dire qu’il a écrit pour les plus grands quand on connaît les tailles
d’Edith Piaf et de Serge Reggiani mais je laisse les censeurs et les
spécialistes auto-proclamés de la chanson française endormir le quidam avec des
vérités convenues et superficielles.
Né à Alexandrie
Alexandraaahhh, sa pilosité a toujours été une concurrence flagrante au
Portugal, même si l’évidence de cette caractéristique physique est partagée par
ses compatriotes en premier lieu desquels Demis Roussos et Nana Mouskouri. Pour
ceux qui se gaussent de cette remarque, je les renverrai à leurs études puisque
Moustaki a donné moustache en français donc « l’homme qui a du poil sur la
figure ».
Je peux le dire
tranquillement et avant toute cette déferlante niaise qui emportera tous les
médias dans les minutes qui viennent, je n’ai jamais aimé Moustaki, ni l’homme,
ni sa musique. Il a écrit poussivement quatre ou cinq chansons qui ont marché
pour trois artistes déjà célèbres, le tout en couchant avec ses interprètes
féminines. Sous le haut patronage des stars qui l’ont intronisé, poussé, porté,
accompagné (Brassens, Brel, Gainsbourg, Moreau, Piaf, Reggiani, Barbara), il a
trouvé sa place médiatique en dandy hédoniste alors qu’au final, il serait
facile de justifier une attitude de paresseux gigolo opportuniste.
Ces dernières
années, ses rares, mais encore trop nombreuses, apparitions nous donnaient
l’occasion de plaindre l’évolution lente mais irréversible de ces idoles
vieillissantes qui n’ont pas eu la chance de mourir plus tôt. Je ne lui
souhaitais pas cela évidemment mais sa pseudo sagesse affirmée sur le tard et
garantie par sa barbe philosophale m’irritait au plus haut point. Pas moins que
les journalistes sirupeux qui lui servaient la soupe avec toujours les mêmes
questions ineptes, iniques et inutiles. Ne vous trompez pas non plus sur son
engagement politique crépusculaire et epsilonnesque à côté d’un Montand. Sa
passion était lui-même, son bonheur et son image qu’il cultivait sur l’Île de
la Cité ou sur sa grosse moto, appendice anachronique de sa jeunesse.
Je retiendrai néanmoins
sa « Gueule de métèque » qui est un beau pied de nez aux nazillons de
tout bord qui doivent ravaler depuis tant d’années l’ajout du mot
« sale » devant, à la manière d’un Pierre Ménès qui vagit que le mot
« beauf » ne peut que s’accompagner que du mot « gros ».
Reste cet éclair
génial dans sa chanson Le Quotidien où il fait rimer deux mots qui résonnent
dans la tête de tout supporter, deux mots axiomes nos vies,
« alcool » et « football ». Reste cette nostalgie
personnelle de voir encore disparaître une personne de la génération de mes
parents.
@TheSpoonerWay