jeudi, juillet 11, 2013

Bafé Gomis - Etienne Mendy - Simple comme un coup de fil

Malgré plein de buts marqués la saison dernière, et c’était très très dur parce qu’il y avait de la concurrence et des défenseurs méchants devant Gomis, l’Olympique lyonnais et son président veulent faire table rase des services rendus pour mieux revendre ce joueur au cœur de lion et au cul de rhinocéros. Triste situation qu’on ne sait pas du tout du tout comment elle va pouvoir s’arranger pour que les discussions bilatérales s’améliorent et que ça aille pour tout le monde d’ici la fin du mois car à la fin du mois, la nouvelle saison commence et si ça continue comme ça, le football perdra beaucoup sans son homme aux longs cheveux dans le vent et dans les yeux des autres. Heureusement que j’ai pu avoir la conversation entre Bafé et son agent Etienne Mendy. Bafé est chez le coiffeur, Mendy à la cafet Casino avec ses enfants. 

NB : Le dialogue qui suit est une fiction, toute ressemblance avec des faits réels et avérés ne serait que pure coïncidence.


Etienne Mendy : Allo, Bafé ? 

Bafétimbi Gomis : Allo, Etienne, Etienne, tiens la bien !! 

EM : T’es con, j’en peux plus, en ce moment tu la fais à chaque fois, ça commence à faire et tu me fais peur, j’ai l’impression que tu as des envies tribales. 

BG : Non pas du tout, vas-y enchaîne. 

EM : Dis je viens d’avoir l’autre petite merde à la coupe nazie, tu sais ce qu’il vient de me dire ? 

BG : Non. 

EM : Le gars, il arrive, il fait le til-gen, genre crooner à la Barry White, avec son chien à la truffe refaite, et v’la qu’il me balance du « Tinou », et que c’était mieux avant, et que l’hiver est long et la crise est dure, et qu’il va falloir penser à partir. Direct, sur le coup j’avais pas fait attention à la fin de la phrase, il y avait son chien qui commençait à renifler mes jantes alliages, j’étais en train de sortir le cran d’arrêt pour lui couper la jugulaire, bref, au final je lui ai foutu un petit coup de pied sur la truffe, je l’ai complètement tordue, c’est fragile ces trucs chez les cocker. Alors je lui dis, quoi ? Il me dit, tu sais que je veux vendre Bafé ? Je lui réponds, ouais mais lui ne veut pas que tu le vendes. Il me dit, ouais mais c’est la vie, si je ne le vends pas, le club n’existe plus, soit il part soit on coule tous et je ne coulerai pas le premier, crois moi. Je lui dis, ok tu as quoi ? Devine ce qu’il m’a proposé ? 

BG : Non, je ne sais pas. 

EM : J’ai le Qatar qu’il m’annonce, je me dis cool on va aller au soleil… 

BG : Non je ne crois pas. 

EM : Bah pourquoi, c’est bien le Qatar, tu joues quand tu veux, tu touches de l’argent, tu es dans des palaces, tu retrouves des gens cools que tu as connus avant, c’est carrément le bon plan. 

BG : Non, je veux les bleus. 

EM : Ouais mais les bleus si tu ne joues pas à Lyon… Ecoute si tu veux rester , tu restes. 

BG : Non, je veux les emmerder jusqu’au bout, je veux qu’il voie, qu’il sente, l’impression d’être le plus faible, celui qui va devoir quémander, supplier ma bienveillance pour ne pas qu’il se retrouve lui et son putain de jouet mégalomaniaque réduit en poussière, que tout le monde aura oublié dans quelques années tellement son règne et l’appui des supporteurs n’étaient qu’éphémères. Autant qu’une carrière d’un footballeur. Je n’ai pas de temps à gâcher, mais je ne suis pas une marchandise à brader. 

EM : Ouais ok, donc je fais quoi moi ? J’y retourne, je lui dis que tu ne veux pas, que tu patientes, que tu fais un effort financier, que tu rends ta Fuego ? 

BG : Non dis lui cela, dis lui : M. Aulas, vous avez cru vraiment avoir le monde à vos pieds, vous avez cru être arrivé au bout de vos rêves et de votre accomplissement personnel après tant d’années à trimer, vous, le laborieux, à grappiller un peu de consistance financière pour mieux asseoir votre rêve de reconnaissance sociale. Vous y êtes arrivé, soyons honnête. Mais est-ce que votre vie doit se résumer à ces 7 années ? Oui ou non. Je dis non. Le succès est une chose, s’y maintenir, une seconde, préparer sa chute en est une autre. Pourtant nombre de footballeurs que vous avez côtoyés ont eu à faire cela, arrêter, arrêter toute leur vie, parfois forcés, parfois de leur plein gré, mais jamais avec joie. Vous savez donc qu’en ce moment vous connaissez ce que nous appelons la petite mort, cette maladie dégénérative devant laquelle vous n’avez que deux choix, accepter et se battre avec les bonnes armes ou croire refuser en se battant avec des armes que vous n’avez déjà plus. Nous savons tous les deux de quel côté vous êtes maintenant. Vous avez de moins en moins le choix, de moins en moins de temps, de moins en moins de solutions. Vous savez qu’il y a peu de chances que je cède selon vos conditions. Retrouvez un peu de dignité et d’orgueil, ces valeurs nobles que vous avez sans doute dû avoir il y a quelques années. Oubliez la vanité et la condescendance et considérez mes demandes comme fermes et sans appel. Vous gagnerez à appréhender vos employés si sensibles comme ils sont, des stars qui ont pour elles le public, plus que vous ne croyez, et malgré tous vos titres qui maintenant deviennent encombrants car seule votre déchéance s’aveugle encore des reflets de vos trophées. 

EM : J’ai du me tromper de numéro, putain, eh Pape Diouf, c’est toi qui me fais une blague ?? 

BG : Non. 

EM : Et s’il ne comprend pas ?

BG : Je retourne à Sainté.

D’après une idée pas originale mais à deux heures près de @TheSpoonerWay

A retrouver sur http://horsjeu.net/fil-info/au-courrier-du-coeur-gomis-et-mendy/

mercredi, juillet 10, 2013

Gérard Houillier - Commentaire composé

Entretien  avec Gérard Houillier dans Le Parisien du 9/07/13


http://www.leparisien.fr/psg-foot-paris-saint-germain/gerard-houllier-le-psg-doit-gagner-et-plaire-09-07-2013-2967331.php

En quoi consiste votre nouveau travail ? 
The Spooner : « Bah je vends des glaces sur la plage pour mater des petits jeunes intéressants, je la fais à la Wenger jusqu’à mon prochain infarctus. »

GÉRARD HOULLIER. J’ai été nommé par Dietrich Mateschitz (NDLR : PDG et fondateur de la marque Red Bull) pour assurer la liaison avec les cinq structures qui composent le projet : 
TS : La diversité et la précision sémantiques de cet ancien professeur est à noter, car il faut placer « projet » à la place de groupe ou d’entreprise, même si le projet est bien le même : gagner de l’argent.


Salzbourg, en Autriche, Leipzig, en Allemagne, New York, une académie au Brésil et une autre au Ghana. 
TS : Les clubs pro pour les pays riches, les structures avec des joueurs non payés dans les pays pauvres.


Je dois fixer des challenges, donner la philosophie générale et m’occuper du recrutement. J’ai signé en juillet 2012 un contrat d’un an avec une année optionnelle. Comme cela se passe bien, je repars donc pour un an. 
TS : Ah ? Mais le service public ne vous manque pas, la structure fédérale, les jeunes, la coupe de France, les sélections?? Moi qui vous croyais désintéressé. Mais si le projet est beau.

Quelle est la finalité de ce projet ?
Au début, je pensais que Red Bull faisait tout cela pour de la visibilité et du marketing. 
TS : Il faut se poser la question sérieusement : a-t-on vraiment envie d’entendre les excuses bidons qui vont justifier l’engagement sociétal, quasi-philanthropique, d’une marque qui tue des gens en les faisant un jus à base de couilles de taureaux ? 

En fait, pas du tout. 
TS : Et voilà. 
Mateschitz a racheté Salzbourg pour dépanner un copain. 
TS : Toi, pour dépanner, tu prêtes 20 euros, tu offres un pot. D’autres se dépannent en rachetant des clubs. Que reprochez-vous alors à Dumas, Woerth ou Messier, ils dépannent des potes !! C’est ce que disent également les dealers. On est plus proche de cette situation finalement. 

Leipzig, c’est un pari assez malin sur l’avenir. New York, c’est ce qui ressemble le plus à une opération marketing. Au Brésil, il s’agit d’une opération locale avec recherche de visibilité sur le marché brésilien. 
TS : Donc un « pari sur l’avenir », en termes de quoi, on ne sait pas, jeunesse, titres, revente, tête de gondole européenne de la marque… un « opération marketing », là c’est clair, et un « recherche de visibilité », sous-entendu de la marque Red Bull au Brésil. Il semble peu probable que ce soit l’inverse, une visibilité du Brésil en Autriche. 

Donc, il s’agit bien d’un projet marketing…
Non. Si c’était seulement cela, Red Bull aurait acheté un club européen en ayant pour but de l’amener le plus haut possible en Ligue des champions. 
TS : « MAIS NON NON NON MONSIEUR !! Absolument pas, ce n’est pas seulement un projet marketing, c’est TROIS projets marketing sur trois continents économiques différents !!! Vous vous trompez lourdement. Et on va nourrir les pauvres et éradiquer le cancer. » 

Red Bull pourrait-il racheter un club français ?
Je ne pense pas, cela ne correspond pas à la philosophie du projet pour l’instant. 
TS : J’aurais aimé une réponse développée ou une relance de la question, parce qu’on en aurait su sur la philosophie du projet. Ne pas qualifier de tels noms, c’est laisser l’imagination divaguer : une société idéale Red Bull, des camps de nazis, combattre la surpopulation en créant plein de crises cardiaques partout, nous ne saurons jamais. 

Quelle perception avez-vous du PSG version Qatar ?
Je trouve cela formidable que les Qatariens aient autant investi. Ils achètent un club, se donnent les moyens et, dès la deuxième année, ils gagnent un titre et arrivent en quarts de finale de la Ligue des champions. Entre leurs intentions et leurs actes, il y a beaucoup de cohérence. 
TS : Et du coup par rapport à vos intentions et vos actes, on peut comparer ou il y a une version longue de l’entretien où on a les réponses qui concernent Houillier et non le PSG ?? 

Le départ d’Ancelotti et la difficulté à trouver son successeur peuvent-ils fragiliser durablement Paris ?
Non. Ce qui compte, c’est d’avoir une bonne équipe. Les propriétaires du club ont beaucoup investi sur le marché des transferts. 
TS : Ah bon ??? Vous avez lu au moins une fois la presse en deux ans ? 

Ont-ils bien investi ?
Il est encore trop tôt pour le dire. 
TS : Laissez-moi vous guider dans les méandres de cet entretien, la réponse est deux questions plus haut. 

Que pensez-vous d’Edinson Cavani, dont l’arrivée au PSG serait imminente ?
Avant de l’observer pendant la Coupe des Confédérations (NDLR : Cavani a participé à cette compétition en juin avec la sélection uruguayenne), je pensais que c’était juste une star qui restait devant. En fait, il travaille énormément pour son équipe. Il bosse comme un fou, à droite, à gauche… 
TS : Cela doit rassurer vos dirigeants de vous lire découvrir Cavani il y a 15 jours. Sinon vous pensez que Del Piero peut retrouver une place de titulaire à la Juve ? 

Quel est aujourd’hui le principal défi de Laurent Blanc ?
Le PSG ne peut pas gagner n’importe comment. Le PSG doit gagner et plaire en assurant un spectacle de qualité. C’est indispensable. Pas forcément à chaque match, bien sûr, mais le plus souvent possible. En France, on n’aime pas trop cette idée. On pense peut-être que seul le résultat compte. 
TS : Ah oui mon grand, là tu marques un point, en bon Français, cette notion du spectacle me fait vomir. Pourtant Guardiola en a parlé la semaine dernière. Et permets-moi de te dire, oui je tutoie pour dénoncer la bêtise, que pendant des dizaines d’années, les Français étaient contents d’être des beaux perdants, que « l’important, c’était de participer », mais ferme-la !! On veut gagner, peu importe qui on supporte. Nous ne sommes pas encore au cirque, ni Maximus, ni Zavatta. 

Pourquoi le caractère spectaculaire du jeu est-il aussi important à vos yeux ?
Tout simplement parce que le football de haut niveau est en concurrence avec d’autres sports, d’autres spectacles audiovisuels et d’autres loisirs. Aujourd’hui, si une équipe propose un football ennuyeux, elle finira par être délaissée par ses propres fans. Avant, ce n’était pas le cas. 
TS : Que dalle. Dans ce cas, les supporteurs sont en carton et c’est se fourvoyer que de penser de la sorte. Parce que le foot n’est pas non plus qu’une histoire de droit TV. 

Quel regard portez-vous sur le joueur qui a marqué la saison passée du PSG, Zlatan Ibrahimovic ?
Quand il veut jouer, il est le meilleur au monde. C’est un super joueur. Quand on a un joueur comme lui dans une équipe, c’est une très bonne chose. Quand on en a deux, en revanche… 
TS : Les journaliste ne sont pas sérieux, Aurélien Philippe-Gérard et Ronan Folgoas, il laisse pépère les points de suspension, c’est au lecteur de terminer la phrase : « c’est mieux », « c’est moins bien », « c’est la teuf », « c’est la cata », « c’est de la bombe bébé on va se faire des soirées mousse pour fêter chaque ballon touché tellement on va se la jouer coupé/décalé » ?? Mystère. 

Vous rencontrez souvent des observateurs étrangers. Leur regard a-t-il changé sur le football français avec l’émergence du PSG et de Monaco ?
A l’étranger, les gens restent fixés sur l’image laissée par l’équipe de France lors de la Coupe du monde 2010. Le football français, pour eux, c’est toujours Knysna. 
TS : Non mais non, ce n’est pas vrai. Ou alors diriez-vous que les transferts depuis deux ans et encore plus cette année sont passés inaperçus ? Je ne crois pas. 

Quelles sont les raisons profondes de cette dégradation de l’image du football français ?
L’une des erreurs du football français, c’est d’avoir fabriqué des bons joueurs de football, mais pas des bons joueurs d’équipes de football. Nous avons été très bons sur le plan de la formation technique mais pour le reste… 
TS : Houillier a été DTN, hein, forcément. 

Notre approche était individuelle et donc individualiste. 
TS : Bravo !! Superbe. Peut-on dire que c’est une FDPuterie ? 

Tout est parti du modèle de Clairefontaine. Mais les choses sont en train de changer. Le bon parcours et le bon état d’esprit des U20 qui jouent actuellement la Coupe du monde sont un bon signe.
TS : Ouais enfin faut les envoyer en Turquie pendant le ramadan pour qu’ils soient sages, ça restreint les options, non ? 

Quels sont les postes les plus importants dans une équipe de haut niveau ?
Une grande équipe est déterminée par le talent de ses attaquants et de son gardien. Ensuite, les latéraux jouent un rôle de plus en plus important. Un défenseur latéral a du temps et de l’espace et peut donc créer des différences s’il dispose des qualités nécessaires. Le joueur qui est devant la défense a aussi une fonction primordiale. C’est Busquets avec la sélection espagnole, Gustavo au Brésil. Mais le plus important, c’est le gardien et l’avant-centre. 
TS : Coucou les milieux !!!! Coucou les N°10 !!!!! Tout le monde a compris que Houillier se foutait bien de nous donc. Ou alors il est revenu à l’essence première du sport, mettre des buts et ne pas en prendre. Profonde réflexion ! 

Il y a de quoi être inquiet pour l’équipe de France alors…
Non. Les Bleus peuvent compter sur un grand gardien, Lloris. Et Karim (Benzema) va enfin se retrouver seul à la pointe de l’attaque du Real avec le départ programmé d’Higuain. Cela ne peut qu’être positif pour sa confiance et donc pour son rendement en équipe de France. 
TS : Ouais ça va être chaud mon cochon, on a un gardien en France et un attaquant, c’est TOUT ! 

La sélection de Didier Deschamps va-t-elle se qualifier pour la Coupe du monde ?
Elle aura beaucoup de mal à éviter les barrages. Après, c’est une histoire de chance et de réussite. 
TS : J’imagine que tu veux parler de ton expérience personnelle de 1993, où la malchance n’était pas en question puisque Ginola avait tout foiré tout seul. Pourtant c’était un attaquant et on avait un gardien. Bref. 

En tout cas, il est vraiment important que les Bleus se qualifient pour le Mondial. Cette compétition donnera une formidable expérience à la jeune génération de joueurs en vue de l’Euro 2016 en France. 
TS : Tu permets, je la note, j’en ferai une légende d’une photo. 

Quel est le favori du Mondial 2014 ?
Le Brésil, probablement. Cela dit, jamais une équipe qui a remporté la Coupe des Confédérations ne s’est imposée dans le Mondial. Mais s’ils sont capables de défendre encore un peu mieux, ils ont une main sur la coupe. 
TS : Et l’autre ? Elle se gratte. Ouais je connaissais aussi la blague. Tu remarqueras que tu fais de ton favori l’équipe qui ne gagnera la Coupe du monde. Si tu te respectais, tu aurais changé cette réponse.


@TheSpoonerWay



A retrouver sur http://horsjeu.net/a-la-une/gerard-houllier-et-la-grande-aventure-red-bull/

lundi, juillet 08, 2013

Manchester United, quand le marketing précède le palmarès


Sans conteste, Manchester United est un grand club. L’aura se confond avec le respect que le club impose, sa puissance est intimement liée à la jalousie qu’il suscite. Plus précoce que la majorité des grands clubs sur les enjeux d’image et les possibilités offertes par le marketing, United est un rare exemple de club qui a mis en scène sa propre légende avant de pouvoir l’exporter en dehors d’Old Trafford, un cas d’école de "storytelling".
 
Aujourd’hui, le palmarès du club est simplement le plus important en Angleterre et un des plus impressionnants d’Europe: vingt championnats, onze coupes, trois Ligues des champions, une Coupe des coupes, une Coupe intercontinentale et une Coupe du monde des clubs pour les principaux titres – auxquels viennent s’ajouter Community shield, coupes de la ligue et diverses récompenses plus obscures.
  

De l'enfer au paradis en vingt-cinq ans
Pourtant, l’histoire n’est pas une série à succès. Le club a été fondé sous son nom actuel en 1908 et son parcours est quasi anonyme durant les cinquante premières années de son existence. L’arrivée d’un homme, en 1945, va changer son destin: Sir Matt Busby, l’entraîneur. Il restera jusqu’en 1969 et donnera aux clubs cinq titres de champion, six places de vice-champion, la coupe et la Coupe d’Europe des clubs des clubs champions. Busby installe le club aux premières places de manière durable, permet l’éclosion d’une génération dorée. Trois faits marquent cette période : le tragique accident d’avion de 1958, les Ballons d’Or de Charlton, Law et Best, et la première victoire continentale de la nation qui a inventé le football.
 
En prenant un peu de hauteur sur le simple palmarès, l’essor de United s’inscrit dans une décennie médiatiquement fondamentale puisqu’elle voit le développement rapide de la télévision et la diffusion des premiers événements en mondovision qui tiennent la famille en haleine devant le poste: Gagarine, crise des missiles, Kennedy, Beatles, Ali, Coupe du monde 1966, guerre du Vietnam, conquête de la Lune… La médiatisation de Manchester United attire les regards et suscite une sympathie nouvelle pour un club littéralement né des cendres d’un crash. Les dirigeants mettent en place un système de recrutement pérenne basé sur un réseau d’observateurs régionaux qui font venir des jeunes. Ce centre de formation permet d’assurer son excellence récente et de porter fièrement les couleurs d’anciens joueurs morts pour le club. Le mythe est en marche.
 

Deux décennies terribles
Le mythe est en marche mais la mécanique va vite connaître quelques ratés. Pendant vingt ans, United va connaître comme le football anglais de nombreux problèmes: développement de la violence dans les stades, baisse du nombre de spectateurs et rôle de plus en plus premier de la télévision. L’instabilité est grandissante et le club descend en 1974. L’entraîneur Tommy Docherty, l’homme de la remontée, est licencié en 1977 après avoir refusé de quitter lui-même ses fonctions en raison d’une liaison avec la femme d’un médecin du club. L’image du family club est écornée. En 1980, c’est le président, Louis Edwards, au club depuis vingt-deux ans, qui est accusé de corruption et d'enrichissement personnel. À la même époque, une caisse noire est découverte. Elle servait à soudoyer les parents des jeunes joueurs issus des formations scolaires. Les journaux se déchaînent et l’affaire fait l’objet d’un débat à la chambre des communes, une relégation punitive se dessine. Les poursuites judiciaires sont arrêtées à la funeste faveur du décès soudain du président, quelques semaines après le déclenchement de l’affaire.
 
United doit alors redorer son blason pour assurer une autre renaissance. Elle a lieu en dehors du terrain avec l’idée, en 1984, de créer un musée sur l’histoire du club afin de capitaliser sur la respectabilité de l’institution plutôt que sur la vitalité précaire des résultats de cette période. Chacun doit assumer sa part de l’héritage et c’est évidemment la période busbyienne qui est mise en avant, autant par son côté tragique – l’accident d’avion de 1958 est levier émotionnel toujours efficace –, que par son côté glorieux en forme de happy end, la victoire en C1 de 1968.
 

La spirale de l’Irwin
L’arrivée d’Alex Ferguson en 1986 prépare le renouveau. Le palmarès du second entraineur écossais du club anobli parle à lui seul: treize championnats, cinq coupes, deux Ligues des champions, une Coupe des coupes, une Coupe du monde des clubs, une Coupe intercontinentale, une Supercoupe de l’UEFA. Pourtant à son arrivée, United, avec ses sept titres, est loin d’être la fierté footballistique du royaume: Liverpool (16), Arsenal (8), Everton (8), Aston Villa (7) sont devant. Même chose pour les coupes d’Europes des clubs champions : Liverpool (4), Nottingham Forrest (2) et Aston Villa (1) sont aussi devant. La période faste de MU correspond encore à une révolution médiatique : la globalisation des diffusions de match, en particulier au sein du Commonwealth donc sur les 5 continents, l’arrivée d’Internet dans la deuxième moitié des années 90, les entrées en bourse de clubs avec une base populaire large et le recrutement de stars aux contrats publicitaires planétaires font rayonner le maillot Red Devil à travers le monde bien plus que les autres grands clubs.
 
Un autre événement est essentiel pour le positionnement de United: le drame du Heysel en 1985. C’est le grand Liverpool qui est discrédité par la violence de ses supporters et désavoué par les autres supporters: les anglophones du monde entier cherchent un nouveau héros footballistique. Sur le plan sportif, l’exclusion pendant cinq ans des clubs anglais des compétitions européennes permet à Ferguson de construire le club sans l’exposer aux déconvenues continentales face aux grosses écuries, et de sauver sa tête à quelques reprises. Le miracle aura lieu. Dès 1991, United remporte la Coupe des coupes et regonfle l’orgueil de tout un pays. C’est un retour gagnant sur le continent, et le début du United globalisé.
 

Au service de l'entreprise mondiale
L'entreprise est introduite en bourse en 1991 et dès lors, le club et la marque sont gérés différemment. Un magazine institutionnel, le Manchester United Magazine, est édité à 200.000 exemplaires et diffusé dans vingt-cinq pays. Il tisse un réseau d’associations de supporters qui en dix ans comptera deux-cents structures dans le monde. Deuxième du championnat en 1992 derrière Leeds, Manchester United remporte son premier championnat depuis vingt-six ans en 1993, avec comme attraction principale son futur roi Éric Cantona, passé de Ellan road à Old Trafford à l’automne. Il se dote d’un organigramme pionnier et complémentaire, avec des hommes d’affaires au service de l’entreprise mondiale et des anciennes gloires comme Bobby Charlton pour la représentation sportive. Le recrutement régional de jeunes formés très tôt donne naissance à une nouvelle génération dorée. Ses principaux représentants sont Ryan Giggs, Paul Scholes et David Beckham – auxquels il ne manquera finalement qu’un Ballon d’Or et dont les Rooney, Ferdinand et Ronaldo sont déjà des héritiers âgés.
 
Sir Alex n’a pas rendu sa gloire au club, il la lui a donnée. United est seul en haut du football anglais et s'est installé au sommet du football européen. Il est passé à travers le changement des réglementations, il s’est appuyé sur les nouvelles mannes financières offertes par les droits audiovisuels et le merchandising, en comprenant très tôt l’enjeu d’une globalisation qui ne se peut pas profiter durablement sans des photos jaunies à mettre en valeur.
 
En cent ans d’histoire, United n’a gagné qu’avec deux entraîneurs. La retraite d'Alex Ferguson, sans doute la seule véritable star du club, et l'arrivée de David Moyes n'ont donc rien d'anodin, même si l'entreprise s'attachera à perpétuer le modèle qui a fait sa singularité. Manchester United est un club à part, mais il n’est pas un mythe, il en est deux: Sir Matt Busby et Sir Alex Ferguson.
Source majeure de cet article: Claude Boli : "Du local au global : l'invention de Manchester United 1902-2002" in Le football dans nos sociétés, une culture populaire 1914-2002 (éditions Autrement). 


A retrouver sur http://www.cahiersdufootball.net/article-les-deux-vies-de-manchester-united-4947

Commentaire composé - Triaud et la conférence de presse de rentrée

C'était la semaine dernière, Jean-Louis Triaud annonce concrètement les grandes lignes de son action.
http://www.girondins.com/conference-%E2%80%93-%C2%AB-pas-recherche-renforts-%C2%BB.html
 

girondins.com : Bonjour Président ! Le marché des transferts est-il très calme ?  
Jean-Louis Triaud : Je ne peux pas dire que c’est très calme. 
The Spooner : Il n’y a donc rien.  

Il existe des contacts plus ou moins avancés. 
TS : Il n’y a donc rien.  

Maintenant, j’ai l’impression qu’il y a plus d’agents que de joueurs en activité (rire).  
TS : Il n’y a donc rien.  

Nous recevons de nombreux coup de téléphone ubuesques. 
TS : Il n’y a donc rien.  

Dans le tas, il y a tout de même quelques prises de contacts qui méritent d’être étudiées.  
TS : Il n’y a donc rien.  

Mais au stade où nous en sommes, aujourd’hui, nous n'avons rien à annoncer.
TS : Là c’est juste l’échauffement, le mec à la première question, il sort 6 expressions valises qui disent la même chose. Et comme une conférence de presse de reprise, la principale information c’est de savoir quelle sera l’équipe, on peut dire qu’on n’apprendra pas grand chose.  

girondins.com : Nous évoquions tout à l’heure des contacts intéressants avec d’autres clubs. Lamine Sané en fait-il partie ? 
Jean-Louis Triaud : Un club anglais s’intéressait à lui depuis un certain temps. Mais curieusement depuis la fin de la saison, nous n’avons plus aucun contact. 
TS : Admiration et respect pour le mec qui ne cite pas le club mais surtout parce qu’il ne lui serait pas venu à l’esprit de relancer les discussions.

D'autres club le visent. En ce qui concerne le championnat anglais, c'est un comportement classique.  
TS : J’aurais ajouté « de petits cons ».  

Il n’y a jamais d’urgence chez eux. 
TS : A Bordeaux non plus visiblement.  

Donc il est encore un peu trop tôt dans la saison. Nous nous sommes à l’écoute. 
TS : Ecoute la voix du Mellow :« Gardez l'écoute, coûte que coûte,
quoi qu'il en coûte, j'ai choisi ma route.
Le mélomane est sur la gamme et ne joue pas à l'amstram gram.
Si tu te goures, tu te rétames
et si tu te plais, on t'acclame et te réclame.
La vie est ainsi faite, matches nuls, victoires et défaites.
Ne pas rester sur la touche, éviter les business louches
car comme on fait son lit, on se couche. »
 

Mais nous ne cherchons pas non plus à forcer les choses. 
TS : Ah non surtout ne pas forcer les choses, il ne manquerait plus de devenir volontariste pour construire une belle équipe. Attendez qu’il ne reste plus que Jérémy Morel sur le marché, on va se marrer.

girondins.com : Attendons-vous de vendre avant d’engager de nouvelle recrue ?
Jean-Louis Triaud : Le coach m’a fait une analyse de la saison passée. Nous étions vraiment faibles en nombre dans l’axe. Nous avons donc décidé prioritairement de nous renforcer dans ce secteur. Pour le reste, sur certains postes, nous sommes plutôt riches en nombre. Notre effectif me parait intéressant. Nous avons des joueurs en progression. Certains ont démarré la saison passée sur la pointe des pieds. Ils se sont affirmés peu à peu au fur et à mesure de l’année. Nous ne sommes donc pas forcément à la recherche de renforts. Nous disposons de 28 professionnels dans le groupe. Nous possédons un effectif suffisant pour préparer toutes les compétitions en perspective.  

girondins.com : Existe-il un impératif économique pour la vente des joueurs ?  
Jean-Louis Triaud : Cela dépend des postes. Sur certains postes nous avons beaucoup de joueurs. S’il y a un départ à ces positions-là, nous ne serons pas obligés de nous renforcer. Aujourd’hui, si nous avons des départs, il faut savoir dans quelles conditions ils se feront. Je ne crois pas que nous possédons des joueurs à 50 millions dans l’effectif (rire). Tout cela reste à voir. Mais sachez que nous redémarrons dans la sérénité et sans angoisse, ni inquiétude. Nous sommes plutôt confiants. Notre groupe est en progression. Les joueurs se connaissent de mieux en mieux. Finalement, si nous faisons le bilan de la saison passée, nous avons pu jouer une 7ème place. Nous aurions pu espérer d'avantage de réussite. Nous n'avons pas perdu plus de matches que Lyon et Marseille. Nous avons trop fait de matchs nuls, notamment dans les derniers instants des rencontres. Il a fallu de peu de chose pour que nous fassions un peu mieux. Avec l’expérience et les révélations de fin de saison, il n’y a pas de quoi s’inquiéter.
TS : Vous avez sans doute remarqué l’acharnement de girondins.com à vouloir une information : MAIS QUI ON VA VENDRE ??? Et Triaud de réussir l’exploit de répéter plus ou moins deux fois la même chose, il faut être rassurant : on a une équipe, ça oui mais c’est celle de l’an dernier Jean-Louis, on a des jeunes qui vont être intégrés au groupe pro, mais surtout nos joueurs n’intéressent personne même à des prix très attractifs.  

girondins.com : Il y a beaucoup de joueurs de l’effectif en fin de contrat en 2014. Avez-vous des discussions avec certains d’entre eux pour une prolongation aux Girondins? 
Jean-Louis Triaud : Je n’ai pas tous les noms en tête mais oui, nous discutons. 
TS : « Francis, passe-moi le trombi, je ne sais plus lequel c’est, le jeune, là celui qui court comme une gazelle, oui le noir là, enfin il y a quelques uns et comme je suis bourré la moitié du temps, je ne me rappelle pas les noms. » On apprend donc que les quotas de Laurent Blanc vient de son passage à Bordeaux.  

Je peux vous citer Henri Saivet et Grégory Sertic avec qui nous sommes en discussion avancée, Poko également. Evidemment, nous misons sur ces joueurs. Ils sont l’avenir des Girondins de Bordeaux. 
TS : Sportif ou financier, c’est ce que nous ne saurons pas.  

girondins.com : Cédric Carrasso s’interrogeait dans la saison sur ses envies de continuer avec Bordeaux. Avez-vous eu des nouvelles de sa part ?  
Jean-Louis Triaud : Cédric, je ne sais même plus qui est son agent ! (rires) 
TS : Le running gag sur les agents c’est le LOL garanti. Et c’est une preuve irréfutable du professionnalisme sans pli du Président.  

Depuis que nous nous sommes serrés la main après la finale, je n’ai pas eu de nouvelles. 
TS : As-tu vérifié dans les hôpitaux ?? Les morgues ?? Les Mc-Do ??  

Il doit donc se sentir bien chez nous. Et cela pour notre plus grand plaisir. C’est un garçon qui est un cadre de notre effectif. 
TS : Les cadres, ce sont les gars dont tu connais les noms mais tu ne sais pas où ils sont. Les non-cadres, ce sont des jeunes dont tu ne connais pas le nom mais qui sont enfermés dans la cave.  

girondins.com : Et qu’en est-il des autres velléités de départ comme celles de Ludovic Obraniak, Jaroslav Plasil et Benoît Trémoulinas ?  
Jean-Louis Triaud : Pour le cas Trémoulinas, nous en avons discuté avec lui. Il pense à juste titre qu’il serait bon pour lui de découvrir un nouveau club. 
TS : Il faut comprendre : on s’est engueulé, il veut partir, je veux qu’il parte. Mais personne n’est venu le chercher. Putain de garde partagée.  

S’il trouve un projet intéressant, pour lui comme pour le club de Bordeaux, nous l’étudierons ensemble. Mais il a aussi expliqué que s’il ne trouve pas de projet non satisfaisant pour tous les parties, il prolongerait pour ne pas partir libre. 
TS : L’emploi de la double négation est un piège chaque fois jouissif. Toute personne non agrégée en lettres classiques fait le contre sens, un peu comme l’expression « faire long feu », mais je m’égare. Le monde sait que la loyauté des footballeurs n’a d’égal que la volatilité des marchés financiers, c’est ce qui fait mal au Président. La dernière phrase est belle et mérite de s’y attarder : Triaud est en train de dire que si Trémoulinas ne trouve pas de club cette année, première déception pour l’ensemble des acteurs alors que le divorce est consommé, le mec assure que pour l’an prochain il va se rajouter des barrières financières par lui-même et contre lui-même pour partir. Je ne sais pas si cet accord a été fait sous la menace physique ou la torture, mais il faut être sacrément optimiste pour y croire.  

Cela nous convient. Pour Ludovic Obraniak, je n’ai pas eu de nouvelles. 
TS : Triaud devrait quand même penser au bracelet électronique. Il faut essayer de reporter cette situation dans une autre cadre, une autre entreprise. Vous le voyez votre patron dire qu’il n’a pas de nouvelles de la moitié des salariés de sa boîte et qu’il ne connaît pas les noms de l’autre moitié ? Non. Triaud, lui, il le peut, il le dit, il assume. 

Et pour Jaroslav Plasil, nous avons été questionnés. Il n’y a aucune pression. Nous ne poussons personne vers la sortie. S’il y a des opportunités nous verrons, mais nous sommes satisfaits de l’effectif actuel. 
TS : Pas de souci Jean-Louis, il a l’air sympa ton kibboutz.  

girondins.com : Concernant le cas Jussiê…
Jean-Louis Triaud : (Il coupe) Oui, c’est le même débat. 
TS : No soucy man. Je suis sûr que les dreads iraient bien à Triaud. Il a même déjà l’odeur de renfermé.  

girondins.com : Il ne semblait plus vouloir jouer avec l’équipe en Janvier…
Jean-Louis Triaud : Peut-être que son passage à l’étranger lui fait trouver l’herbe du Haillan plus verte qu’à son départ. 
TS : « Et sinon je le renvoie dans une mine de sel faire un stage ». Fin de l’entretien, que faut-il retenir : plus que le fond, la forme décontractée de l’entretien et les réponses simples et funky du Président montrent la confiance dans l’équipe et annoncent une saison fantastique du côté du Haillan. Avec quels joueurs ? Personne ne le sait, mais personne n’est pressé, et personne n’a d’information. Donc là c’était Rolland Garros, en ce moment c’est le Tour de France, on attend la fin de tout ça, on part en vacances et on se voit en octobre pour bien préparer le début de saison et être au point pour les huîtres de Noël. Sur ce, messieurs, c’est l’heure de l’apéro, Triaud ne peut pas rater Motus.



@TheSpoonerWay


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