lundi, juin 23, 2014

Radiorsjeu, l'émission mondial, 1bis

samedi, juin 14, 2014

Le conte refait des bleus

Avec Des Bleus dans les yeux, Louis Dumoulin réécrit l'histoire de l'équipe de France en imaginant que le sort n'a pas tourné en faveur d'Emil Kostadinov le 17 novembre 1993.

Il était une fois une histoire merveilleuse, celle qui vous accompagne longtemps, très longtemps. Celle après laquelle plusieurs générations d’amateurs de football ont couru en mourant sans la toucher: voir son équipe gagner une Coupe du monde. Ce n’est pas non plus l’unique objectif d’une vie, il y a plus important. Mais tout de même. Thierry Roland n’était pas loin d’avoir raison au coup de sifflet final de la finale de 1998. Alors, pourquoi vouloir écrire une histoire dans laquelle tout cela n’arrive pas? Quel esprit tortueux peut vouloir l'imaginer?

Louis Dumoulin, pourtant sain d’esprit, a touché à l’intouchable, en voulant réécrire l’histoire, il l’a déconstruite, tordue pour en faire une nouvelle, pas une plus belle, une autre. L’uchronie est un exercice ambitieux. Il faut pouvoir assembler assez d’éléments de l’histoire réelle, se les approprier et trouver la faille dans l’histoire officielle, cet interstice d’où tout va recommencer.
 

L'histoire dans la lessiveuse
L’équipe de France de football a connu régulièrement des déconvenues, mais finalement assez peu de moments où tout le monde se dit : "Ça s’est joué à un cheveu". Sauf, évidemment, le match du 17 novembre 1993 contre la Bulgarie au Parc des Princes. Une histoire de visas non valables, d’une équipe qui n’avait peur de rien et de la France qui mène au score, nerveuse, fébrile, qui voudrait être la conquérante poussée par les restes des Espoirs champions d’Europe 1988.

Au bout, il y a la défaite à cause de ce but à 44’59" qui empêche la France d’aller au Mondial américain de 1994, en demi-finales duquel la Bulgarie et la Suède (issues du même groupe de qualification de la France) parviendront. Et si Emil Kostadinov n’avait pas marqué, que serait devenue l’équipe de France de 1993 à 2014, ses sélectionneurs? Comment ce symbole médiatique aurait été porté aux nues ou vilipendé selon ses résultats?

Des Bleus dans les yeux nous raconte cette histoire, celle des victoires, des défaites, des déconvenues, des espoirs, des affaires, exactement la même chose que nous avons connue, mais après un passage dans une lessiveuse. Les personnages sont les mêmes, les quelques oubliés, volontairement ou non, comme Lemerre ou Santini passent inaperçus, telle est leur trace dans l’histoire des Bleus. Des joueurs connaissent d’autres fortunes – mais Cantona reste King Eric, même un peu plus.
 

Une autre équipe de France était possible
À travers le parcours des Bleus lors des Coupes du monde et des Euros de 1994 à 2014, l’auteur nous présente des résultats imaginaires qui mènent à des compétitions que nous vivons à travers les matches des Français. Ce n’est pas un conte de fées, la France ne gagne pas chaque compétition. La victoire dans des tournois internationaux est si fragile, la vie d’un groupe, ou la tentative de donner vie à un groupe, si complexe, et le comportement des adversaires, si imprévisible. Le 17 novembre 1993 à 23 heures, comment savoir que cinq ans plus tard, l’équipe de France règnerait sur le monde? Le 2 juillet 2000 à 23 heures, comment savoir qu'elle sortirait sans gloire des prochaines compétitions internationales? Et surtout qui, en 2006, aurait pu anticiper 2010?

On peut regretter des moments passés trop vite, mais il y a tout à inventer, il faut s’abstraire de nos repères et se laisser guider par la nouvelle histoire, celle qui aurait pu… ou celle qui aurait dû? La génération dorée est-elle celle que nous connaissons? Les jeunes qui n’ont pas pu connaître la sélection, barrés par des aînés nimbés de leur palmarès, auraient pu tout aussi bien être nos héros de jeunesse.

D’ailleurs, de cette jeunesse, de nombreuses émotions et souvenirs personnels réapparaissent à l’évocation de joueurs des années 90 et 2000, et avec eux les personnes avec lesquelles partager un match à l’époque était chose banale. Dans le livre, ces matches n’existent plus, notre histoire personnelle reste le seul élément tangible. Alors ce livre prend une autre dimension, beaucoup plus intime. Celle qui fait réécrire notre propre histoire à travers le prisme que Louis Dumoulin nous propose.

Des bleus dans les yeux, Louis Dumoulin, Desports, Editions du sous-sol, 2014.


A retrouver ici : http://www.cahiersdufootball.net/article-le-conte-refait-des-bleus-5292

Le départ de Campagne - Le groupe vit bien


Ils en ont enfin terminé avec les démonstrations face aux grandes nations du football non qualifiées pour la Coupe du monde qui en plus doivent avoir un air de ressemblance avec les équipes que l’Equipe de France va jouer au premier de la compétition. Rappelons les faits, la Norvège c’est la Suisse, le Paraguay c’est l’Equateur et les Jamaïque c’est les remplaçants du Honduras. Des équipes en perte de vitesse sportive et plus à la mode, qui ont joué les sparing partners contre des chèques vacances offerts par la FFF. Il n’y a pas de petit profit, seulement des êtres vénaux.
Apartheid terminé. Oui ce départ fut long et douloureux comme toutes les séparations à l’aube des grandes vacances dans les gares ou sur les aires d’autoroutes. Tristement certains sont restés, Ribéry et Grenier, d’autres ont pris leur place et pour le moment, personne ne s’en plaint encore, le 8-0 étant là pour montrer à la face du monde qu’il n’y a personne d’irremplaçable. Et surtout qu’on s’amuse très bien sans Francky, les gars peuvent enfin s’hydrater sans craindre l’arrêt cardiaque, forcément dans une préparation, cela compte beaucoup pour la confiance dans son partenaire. Et c’est peut-être cela qu’il manquait à cette équipe, pouvoir boire de l’eau.
Forcément ils sont contents et cela se voit, pour preuve le nombre de selfies qui vont alimenter leurs différents comptes pendant un mois. Poussés par les sponsors, l’équipe ressemble à une colonie partie en voyage à la Bourboule. Mais il y a plus, il y a mieux dans ce début d’aventure. Il y a ce résultat, ce 8-0, un score que la France n’avait pas réalisé en match amical depuis une réception du Luxembourg en 1913. Il y a cette joie et cette application à bien faire, à être de bons élèves comme ils le sont tous en club. Pas un sourire sur les actions ratées, jamais ils nous ont abusé à faire tourner trop longtemps la balle dans leur camp attendant patiemment le dernier appel pour l’embarquement. Le geste le plus emblématique de cet état d’esprit est celui qui a été le plus moqué dans les médias et sur les réseaux dans l’après-match : la chute de Valbuena sur le but de Griezmann :
Les images ne le montrent pas, mais petit vélo n’était pas du tout content de l’action, du but, il a tapé du poing sur la pelouse, certes, aussi pour des raisons égoïstes du genre « putain je voulais mettre mon but aussi ». On ne reprochera pas à Valbuena la peur du ridicule, lui qui jalonne ses saisons d’acrobaties du même type. On pourrait lui reprocher de ne pas se satisfaire pour l’équipe du but marqué. Mais beaucoup aurait eu comme premier réflexe de rire d’eux-mêmes, de se relever et faire comme si de rien n’était. Lui, non. Il a tapé du poing sur la pelouse et était juste mécontent d’avoir raté cette occasion à 6-0.
C’est une réaction pleine d’orgueil, d’envie et d’ambition. Qui peut aujourd’hui reprocher cela à un joueur sous le maillot bleu ? Il serait facile de se gausser, nombre d’entre nous l’ont fait. Mais voilà, c’est par définition une réaction facile, épidermique, superficielle. C’est ne pas comprendre l’enjeu de ces matchs et l’envie de ces joueurs, certains, j’ose croire la majorité, de vouloir bien faire.
Deux exemples sont marquants, les plus anciens, les leaders, Evra et Benzema, sont présents et assument un rôle enfin à leur taille. Evra qui fait des passes décisives, qui tape dans les mains de ses coéquipiers, y compris les jeunes, y compris les souffre-douleurs, c’est une belle rédemption. C’est sans doute le vrai capitaine sur le terrain, dans le vestiaire, il n’a plus le brassard mais personne ne lui conteste plus cette aura. Benzema qui retrouve sa place, qui marque, fait marquer, rit et exulte pour ses coéquipiers, sa traversée du désert est tellement loin aujourd’hui alors qu’elle faisait la Une avant, pendant et après les matchs. Les détracteurs sont nombreux, nous le sommes tous, au moins ayons l’humilité de reconnaître les changements d’attitude de ces joueurs et que les avis et réprimandes d’il y a quelques mois ne sont plus d’actualité. La meilleure réponse reste le terrain et nous n’y sommes pas.
Les matchs vont venir assez vite pour confirmer ou infirmer les espoirs grandissants que nous, observateurs voire supporters, avons mis en eux depuis longtemps, avec des hauts et des bas. Mais la dynamique est là, faible symbole par rapport à l’importance sans appel des résultats en compétition. Il faut savoir s’en contenter, cela n’a pas toujours été le cas. Comme la jeunesse du groupe, finalement depuis la construction du groupe Jacquet, les joueurs savent qu’ils ont la possibilité de s’affirmer sans craindre le retour des héros un jour victorieux car sauf le sélectionneur et Landreau, ils ont tous à gagner quelque chose en sélection. Le groupe vit bien, il a faim.

@TheSpoonerWay

A voir aussi ici : http://horsjeu.net/fil-info/groupe-vit-bien-depart-campagne/