vendredi, janvier 31, 2014

Commentaire composé hurlant

Tout se passe à partir de cet article, "Le football français est riche"


The Spooner : Denis Balbir est un homme talentueux et c’est presqu’un scandale que sa carte de presse soit le seul élément qui le différencie de la plus grande partie de la population. Ca, son bronzage et son génie hurlant. Voici donc que le football français est riche, un titre vérité, un titre qui dérange, un titre qui intrigue tant les difficultés financières de nos clubs sont flagrantes, tant leurs parcours européens sont honteux, tant l’équipe de France s’annoncent comme le favori de la coupe du monde. La vraie question sous-entendue dans ce titre est bien : l’épiderme humain peut-il résister pendant 40 ans à l’acidité du gel capillaire ? 

« Qu’on me dise encore aujourd’hui que dans notre beau pays nous sommes en retard d’un wagon ou d’un train en de nombreux points et dans des domaines divers, je veux bien. »  
TS : Bienvenue à l’école Pascal Praud de la précision. En de nombreux points et dans des domaines divers, il se murmure dans des milieux autorisés que cela ne veut absolument rien dire, surtout qu’on ne connaît pas la longueur du train ou les modèles des wagons. M. Balbir a la science du chapô, cet artiste.

« Qu’on me dise que le championnat de France est moyen, parfois mièvre et ennuyeux, je dis non ! »  
TS : Mais qui ose aller dire à Denis ces inepties, ce galimatias éhonté ? Mais qui est ce « on » insaisissable ? Amenons la potence, qu’il soit pendu en place publique parce que oui, Denis a dit non, Denis demande justice, dénis et débat.

« Ce vieux débat existe. »
TS : c’est tout le moins son mérite, Denis le sait, sinon il serait inutile de se frotter à quelque chose qui n’existe pas, même si dans son cas, contredire l’inexistant paraît plus adapté à son type d’argumentation.

« Et ceux qui bavent devant leur téléviseur devant les sommets des championnats italiens, espagnols, allemands et anglais, oublient que comme partout, derrière les sommets, il existe une routine que des joueurs, entre autres comme Rooney, Messi, Ribery, Ronaldo, Hazard, Pirlo et Buffon, assument chaque week-end pour être les meilleurs parmi les meilleurs et être les premiers chaque année pour se hisser avec leurs clubs sur le toit du monde. »
TS : Méfiez-vous les baveurs, derrière les sommets, il n’y a pas le vide, il n’y a pas un autre sommet, plus difficile, méfions-nous des sycophantes, plutôt méfiez-vous en, car Denis n’est pas dupe, lui. Sur la forme, une phrase de 5 lignes, c’est indigeste, je le sais bien, j’adore les écrire, m’y perdre, isoler les propositions entre des virgules, couper le souffle en étirant les mots les verbes les actions et faire en sorte que mon lecteur ne puisse respirer pour qu’il aille au bout de l’effort comme un coureur avec la ligne d’arrivée en point de mire. A part ça, il y a la routine et Denis déçoit. Une telle banalité ne peut être la seule vérité à contester. Imaginez-vous : « Derrière les sommets, il y a la routine ». Denis déjoue.

« Aujourd’hui le football français est riche. »  
TS : Même pas un adverbe pour montrer une opposition. Les championnats étrangers ne sont pas plus attractifs que le championnat, c’est une évidence, pourquoi cherche davantage. Non, Denis déroule et se prend déjà les pieds dans le tapis.

« Ce football national a réussi à contourner les difficultés inhérentes à la fuite de talents par l’apport de grands joueurs étrangers, même si en nombre, le chiffre est faible par rapport à d’autres pays. »
TS : Ecran de fumée n°1. Le « football national » est ici utilisé comme le « football EN France », vous verrez plus tard que l’amalgame est grossier, car Denis parlera à la fois de football national en France, de football national français à l’étranger, de football national français à l’étranger qui revient en France ou de football national français à l’étranger en équipe de France. A part cela, l’échange « talents contre grands joueurs étrangers » paraît plus avantageux que celui « pétrole contre nourriture », surtout quand on contourne les difficultés inhérentes. Lesquelles ? Allez savoir. Autre question : les grands joueurs étrangers, ils sont où en France ?

« Cet apport a permis à des joueurs moyens de devenir forts, disciplinés, et d’avoir le goût de l’effort, et la fameuse haine de la défaite. »
TS : Tous les autres sont restés des burnes, ne vous en faîtes pas. Par exemple, ceux qui n’ont pas de grands joueurs étrangers chez eux surkiffent d’enchaîner 28 défaites d’affilée juste pour rigoler entre potes et profiter des réductions à la boutique de leur club histoire de faire croquer les petits frères.

« A ce sujet, les aveux de Sylvain Armand sur son implication au PSG avant et après l’arrivée d’Ibra sont éloquents. »
TS : Sylvain Armand, un exemple pour tous les joueurs, tous les clubs, mais le seul en tout cas. Tirer une vérité universelle des propos d’un seul joueur qui n’avait plus le rythme n’est pas un souci. Denis déballe. Le genre de propos qui fait dire aux dirigeants des autres clubs qui n’ont pas encore de grands joueurs étrangers dans leur effectif : « Mais oui, je vais échanger un talent contre un grand joueur étranger ».

« La preuve de cette richesse ? Comme avant d’aller au marché, voilà la liste. »
TS : Trépignant d’impatience, je sens déjà cette liste à la saveur annoncée d’un panier de légume et de poissons frais.

« L’attaquant français de la Réal Sociedad, Antoine Griezman, a mis un triplé lors du dernier match du championnat espagnol hier contre Elche (4 à 1). Il s’installe sur le podium du classement des buteurs où il comptabilise 15 buts cette saison et où il se trouve en compagnie de Diego Costa, 19 buts et Cristiano Ronaldo, 22 buts. De quoi donner des idées et peut-être des nuits blanches à Didier Deschamps. »
TS : J’ai cherché, je n’ai pas trouvé quel était le grand joueur étranger venu dans le club de Macon pour remplacer ce joueur talentueux qu’est Griezman. Pris d’un doute, je me suis dit que la Real Sociedad était sans doute un club français, enfin rattaché au Pays Basque français dans la volonté de donner à cette région cette unité tant désirée par les doléances pacifistes de ses habitants. Non plus. Peut-être en équipe de France alors ? Faut-il seulement rappeler que Griezman a été suspendu après une virée nocturne trois jours avant un match décisif perdu. Denis déroute et je peine à mon niveau limité à comprendre le rapport avec son propos initial et sa démonstration jusqu’ici transparente.

« Décisif lors de l’Euro des 19 ans en 2010, Alexandre Lacazette, repositionné en pointe dans le losange lyonnais d’un Rémi Garde qui a trouvé avec l’OL un bon schéma tactique. Lacazette n’est plus une mobylette guidée par son individualisme et son manque de réalisme, même si il a toujours eu de l’essence. »
TS : Notons tout de même la métaphore mécanique. A n’en point douter, c’est un coup dur pour l’OM qui se vante d’avoir seulement un « petit vélo ». Cela dit, Lacazette est en effet une preuve du renouvellement des générations et un pur produit lyonnais. De là à être l’attraction française du championnat, il n’y a qu’un pas. Ou un peu plus.

« De plus en plus altruiste, son talent éclate au grand jour l’année ou il le fallait, l’année où Bernard Lacombe qui s’y connait un peu en avant-centre avait promis que nous verrions toute l’étendue de la palette colorée de ce joueur qui en est à 12 buts marqués en championnat. Si sur les 12 buts, 1 seul a été marqué contre des équipes classées au-dessus de la huitième place, Lacazette, le pote de Griezman en Espoirs, a sa chance pour aller au Brésil. »
TS : Palette colorée ??? Passons. Autre écran de fumée. En parlant de Griezman, Denis dupe. Au départ, il parlait seulement de la richesse du championnat de France à regarder à la télé. Il nous a baladés en tordant son propos pour dévier sur le football français et introduire un biais énorme puisque Griezman est un grand joueur français certes, mais d’un championnat espagnol qui derrière ses sommets est banal. Inutile de dire, mais je le fais quand même, que s’il doit passer en revue les bons joueurs français un peu partout pour prouver que le championnat en France est excitant, Denis digresse et se contredit.

« La richesse du football français ne se limite pas aux attaquants même si Gomis et Gignac ont la frite actuellement. La richesse du football français se mesure aussi au fait que quelques clubs attirent des joueurs. Vous me direz pour être plus justes, un club attire les joueurs : l’inusable PSG au portefeuille bien garni. Mais Rennes recrute malin et beaucoup. »
TS : Voilà, nous y sommes, le sujet ne concerne donc que le PSG ? Non pas du tout !! L’autre club attractif français est Rennes. Le 16è de la Ligue 1. Oui.

« Acheté 5 millions d’euros à Lille par Newcastle en 2011, Yohan Cabaye débarquera à Paris si sa visite médicale donne satisfaction. Un transfert évalué à 20 ou 25 millions avec les bonus pour l’international de 28 ans qui rejoint un entraîneur, Laurent Blanc, qui avait fait de lui sa priorité. Le PSG par cette arrivée se renforce indéniablement. Le club ajoute une connotation française à son effectif, et le joueur ne se met pas en danger pour la Coupe du Monde tout en goûtant bientôt à la Ligue des Champions, le RÊVE. »
TS : Donner une connotation française au championnat de France, il faut reconnaître que cette phrase tombe parfaitement bien en ces temps où la nationalité fait tellement débat dans le foot et ailleurs. Cabaye n’a pas le droit lui d’avoir une palette colorée. C’est malgré cela, une réussite flagrante pour notre championnat sachant que Cabaye était la priorité de tellement de grands clubs européens. Une vraie victoire pour l’ensemble du football de France et du football français.

« Le football français est riche aussi et encore représenté en ce domaine par Paris quand on apprend qu’hier, Cavani a été élu meilleur attaquant de pointe de la série A de la saison dernière, et on aura beau le critiquer, il reste un champion magnifique de combativité et de réalisme, et il joue en France. »
TS : Denis déboule avec son dernier argument massue pour le football français en France de Paris puisque Cavani est une vraie star étrangère de l’an dernier dans un autre pays !! Les Lillois crient à l’injustice car pareille fête ne leur a pas été réservée à l’arrivée de Kluivert, un scandale trop souvent oublié. Mais, même lorsqu’on parle du football français en France avec des non-Français jouent en France de Paris, il ne faut pas gâcher son plaisir.

«Alors pour toutes ces raisons, je me dis que le Football Français est riche. »
TS : Et tu fais bien de le rappeler, merci c’est limpide.


@TheSpoonerWay

A retrouver ici sur horsjeu.net : http://horsjeu.net/a-la-une/au-courrier-du-coeur-spooner-la-richesse-footballistique-francaise/comment-page-2/#comments