Francis Van Nobel 2015 - Moké hot d'or d'honneur - Marcelo Bielsa
Glacière, café, jogging, El loco,
champion d'automne, autiste.
Voilà à peu près comment la majorité des incultes qui composent
la masse difforme des supporters de football en France résume régulièrement le
passage de Bielsa. Qu’importe. Un passage court, intense, controversé,
ambitieux, rêvé, physique, sensuel, violent, emballant, brillant, frustrant,
usant. Un passage rempli d’espoirs non assouvis, de choses à peine effleurées,
de promesses susurrées au creux du cou, celle qui existent, qu’on n’oublie pas,
qu’on attend dans un demi sommeil, une zone où la nuit et le jour sont
indistincts, un moment où tout est possible, une seconde où on est éveillé,
rationnel, limité, l’instant d’après, on se laisse aller, on s’emporte, on se
confie à un infini de chemins, on n’en revient que pour se délecter de ces
envolées fugaces, en attendant les prochains, parce qu’on sait qu’il y en aura
encore. Toujours.
Marcelo Bielsa, c’était ça. Une seule certitude : la
passion, la folie, quand tout va bien, quand tout va mal. Alors forcément, cela
ne cadre pas toujours avec les impératifs financiers de la gestion de cette
entreprise périlleuse qu’est le club de football professionnel. Détrompez-vous.
Bielsa il est là pour la gagne, c’est un raz de marée, qui se prépare dans les
grands fonds, qui enfle, gonfle, se renforce continuellement, et qui ne devient
visible, évident que pour submerger tout sur son passage. Bielsa, il faut
l’avoir de son côté, mais le laisser tranquille. Passons.
Pourquoi un Moké d’honneur ? Pourquoi une récompense pour
un entraîneur irresponsable ? Un entraîneur qui n’est pas à la reprise de
l’entraînement de son équipe ; un entraîneur qui fuit après le premier
match de la saison , un entraîneur qui abandonne un peuple entier qui le
déifiait contre toute logique puisqu’il n’avait même pas réussi à qualifier
l’OM en ligue des champions ? Nous, supporters de foot, nous n’avons pas à être
rationnels. Nous ne voulons pas uniquement nous accrocher à ces comportements
aseptisés, nous ne sommes pas des robots, des machines, nous sommes des
passionnés et si nous ne sommes plus capable de ressentir ce frémissement de
folie, abonnons-nous au Parc des Princes. Bielsa incarne quelque chose
d’inaccessible d’à peine croyable : une approche scientifique du jeu, une
connaissance exhaustive des tactiques, un savoir encyclopédique de ce qui a été
fait, et cette volonté farouche, cette puissante personnalité, ce charisme,
cette passion pour le jeu et cet amour pour le joueur. Fusion géniale du feu et
de la glace, un paradoxe tellement humain qu’il a fait revivre un peuple et
peut-être un peu au-delà. Un messie à l’ancienne, tout aussi hermétique à la
critique que moqué et décrédibilisé par les aigres et les frustrés. Je ne dis
pas qu’on ne peut pas le critiquer et j’invite tous les jeunes qui ne
comprennent pas à RT, follow et tendre son boul.
Marcelo, je vais m’adresser directement à toi, entre guide
spirituel, nous pouvons communiquer à distance. Merci pour cette année, pour ce
titre de champion d’automne qu’on chérit autant que les autres en rient, merci
pour le jeu, la fougue, le panache, la vie, tant pis pour les titres, la
passion doit savoir se passer de médaille. J’ai aimé cette saison, j’ai aimé
être avec toi, t’écouter, j’ai aimé cette équipe, j’ai aimé cet esprit, ce
souffle, j’ai aimé autant qu’on peut aimer une compagne que l’on sait éphémère,
trop belle, trop courtisée, trop indépendante, trop libre, en y mettant pourtant
à chaque instant tout ce que j’avais de plus personnel, de plus désintéressé,
de plus vrai. Je n’ai pas voulu t’étouffer mais je voulais te retenir toujours
un peu longtemps, une journée de plus était forcément une meilleure journée. Et
un jour, tu as disparu, tu es parti, sûr de ton fait, une rupture brutale mais
inévitable. Abasourdi, ébranlé, j’étais persuadé que tu allais revenir le
lendemain, je m’attendais à ce que tu m’aimes assez pour rester, j’ai cru que
j’étais devenu indispensable. J’étais seulement devenu dépendant. Les jours
sont passés, pas la tristesse, j’aurais été mieux avec toi. Comme tu le disais
dans ton vestiaire marseillais : il faut savoir accepter l’injustice, tout
s’équilibre à la fin. Je n’ai pas de rancœur, je sais que cela aurait été moins
bien si tu n’étais jamais venu.
A toi, Marcelo, c’est notre cœur dans ce Moké d’honneur.
@TheSpoonerWay
Les autres résultats de cette cérémonie ici : http://horsjeu.net/le-comite-de-vigilance-mediatique/comite-devigilance-mediatique/francis-van-nobel-2015-les-resultats/
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