mercredi, mai 18, 2016

Une courte histoire de la C2, la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe

La coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, la C2 a vécu et a bien vécu. 39 années durant, de 1961 à 1999, cette compétition était réservée à une élite, celle des professionnels qui éliminent les clubs amateurs de son pays avant de battre les sombres clubs des pays de l’est payés en cigarettes, en meules de foin et à coup de livres rouges dans la gueule. Et alors ? Et bien c’est ce qui faisait son charme, son identité, une place à part loin des blockbusters qu’on nous sert depuis 15 ans à en être dégouté. Les petits aussi ont eu le droit de vivre avant que certains bureaucrates et diffuseurs ne se rendent compte qu’ils pouvaient toujours gagner plus.

Reverrons-nous des clubs comme Aberdeen, Malines ou le PSG gagner une coupe d’Europe ? Rien n’est moins sûr. Qui pourra encore dire que c’est Tottenham en 63 qui a mis fin au règne des clubs latins sur toutes les coupes d’Europe ? Qui se souvient qu’en 74, avant la victoire de la RDA sur la RFA en coupe du monde, le FC Magdebourg a apporté le premier titre de gloire à cette nation éphémère ? Vous pourrez vous moquer du record de participations détenu par Cardiff City, 14 fois, dont 5 fois consécutives, pour l’unique raison que le Pays de Galle n’a pas de championnat mais juste sa coupe, sa gentille coupe qui lui permet d’affirmer son particularisme politique uniquement dans cette compétition.

Mais il est trop aisé de la réduire à ces détails. Car elle est fière cette coupe et aucun participant ne la dénigrera au son de la Ligue des champions pour la bonne raison que de nombreux grands clubs n’ont gagné que ça : Fiorentina, West Ham, Manchester City, Everton, Sampdoria de Gênes, Werder Brême, Real Saragosse, PSG, Lazio Rome.

J’arrête tout de suite les mauvaises langues qui pourraient dire « à mauvaise compétition mauvais vainqueurs ». Barcelone, dans un souci de lutte indépendantistes contre le Real l’a gagné 4 fois, record. Les entraîneurs les plus titrés : Ferguson, deux fois avec Aberdeen et United, Cruiyff deux fois avec l’Ajax et Barcelone, Lobanovsky deux fois avec Kiev et Rocco avec le Milan AC, deux fois aussi, après avoir gagné la C1. Oui mais… oui mais quoi ? Vous pensez qu’on peut gagner une C2 sans grand joueur ? Que c’est un lot de consolation quand le championnat est perdu ? Non. Trois joueurs ont reçu le ballon d’or la même année qu’une victoire en C2 : Blokhine en 75, Platini en 84 et Belanov en 86. 5 clubs ont gagné la C2 et le championnat la même année : Kiev, Milan AC, Magdebourg, Juventus et Everton. Cette coupe n’est pas celle des gagne-petit. Dernier chiffre qui en fait LA coupe à part de l’Europe : aucun club n’a réussi à la gagner deux fois de suite et pourtant, 8 fois le tenant a réussi à aller en finale. La postérité pourra toujours la moquer, elle garde en elle ses records, beaucoup d’autres, comme le plus grand écart dans un match, le nombre de buts sur un aller/retour et les plus grands retournements de situation comme le Metz-Barcelone de 84.

Et en plus, et en plus elle a été précurseur d’un autre phénomène, celui des vainqueurs qui n’ont rien à y faire, les vainqueurs sans coupe qui n’est pas sans rappeler la C1 actuelle : 5 clubs ont gagné la coupe des coupes sans être le tenant de la coupe nationale : Fiorentina en 61, Rangers en 72, Anderlecht en 78, Dynamo Tbilissi en 81, Barcelone en 97. 

Voilà rapidement pour son histoire. Avec des clubs prestigieux, qui n’ont eu que ça avant une C1 tardive comme la Juve et le Barça, ou symbole du renouveau des clubs anglais après l’exclusion suite au Heysel avec United en 91, elle a fièrement tenu bon jusqu’en 99 où la pression du spectacle, du football mondialisé ne peut plus laisser la place à des matchs de seconde zone. La division politique du Mur de Berlin laisse donc la place à la division économique du mur de l’argent qui fera le bonheur des plus riches et des spectateurs. Mais c’est parce que la coupe d’Europe des clubs champions a abandonné son identité que la C2 a perdu son sens, même si au final les 11 derniers vainqueurs étaient issus des 5 grands championnats. La place n’était déjà plus à la surprise, la valeur médiatique a dépassé l’intérêt de son essence. Une compétition dorénavant dans nos mémoires.



The Spooner.

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