Une courte histoire de la C2, la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe
La coupe d’Europe des vainqueurs
de coupe, la C2 a vécu et a bien vécu. 39 années durant, de 1961 à 1999, cette
compétition était réservée à une élite, celle des professionnels qui éliminent
les clubs amateurs de son pays avant de battre les sombres clubs des pays de
l’est payés en cigarettes, en meules de foin et à coup de livres rouges dans la
gueule. Et alors ? Et bien c’est ce qui faisait son charme, son identité,
une place à part loin des blockbusters qu’on nous sert depuis 15 ans à en être
dégouté. Les petits aussi ont eu le droit de vivre avant que certains
bureaucrates et diffuseurs ne se rendent compte qu’ils pouvaient toujours
gagner plus.
Reverrons-nous des clubs comme
Aberdeen, Malines ou le PSG gagner une coupe d’Europe ? Rien n’est moins
sûr. Qui pourra encore dire que c’est Tottenham en 63 qui a mis fin au règne
des clubs latins sur toutes les coupes d’Europe ? Qui se souvient qu’en
74, avant la victoire de la RDA sur la RFA en coupe du monde, le FC Magdebourg a
apporté le premier titre de gloire à cette nation éphémère ? Vous pourrez
vous moquer du record de participations détenu par Cardiff City, 14 fois, dont
5 fois consécutives, pour l’unique raison que le Pays de Galle n’a pas de
championnat mais juste sa coupe, sa gentille coupe qui lui permet d’affirmer
son particularisme politique uniquement dans cette compétition.
Mais il est trop aisé de la
réduire à ces détails. Car elle est fière cette coupe et aucun participant ne
la dénigrera au son de la Ligue des champions pour la bonne raison que de
nombreux grands clubs n’ont gagné que ça : Fiorentina, West Ham,
Manchester City, Everton, Sampdoria de Gênes, Werder Brême, Real Saragosse,
PSG, Lazio Rome.
J’arrête tout de suite les
mauvaises langues qui pourraient dire « à mauvaise compétition mauvais
vainqueurs ». Barcelone, dans un souci de lutte indépendantistes contre le
Real l’a gagné 4 fois, record. Les entraîneurs les plus titrés : Ferguson,
deux fois avec Aberdeen et United, Cruiyff deux fois avec l’Ajax et Barcelone, Lobanovsky
deux fois avec Kiev et Rocco avec le Milan AC, deux fois aussi, après avoir
gagné la C1. Oui mais… oui mais quoi ? Vous pensez qu’on peut gagner une
C2 sans grand joueur ? Que c’est un lot de consolation quand le
championnat est perdu ? Non. Trois joueurs ont reçu le ballon d’or la même
année qu’une victoire en C2 : Blokhine en 75, Platini en 84 et Belanov en
86. 5 clubs ont gagné la C2 et le championnat la même année : Kiev, Milan
AC, Magdebourg, Juventus et Everton. Cette coupe n’est pas celle des
gagne-petit. Dernier chiffre qui en fait LA coupe à part de l’Europe :
aucun club n’a réussi à la gagner deux fois de suite et pourtant, 8 fois le
tenant a réussi à aller en finale. La postérité pourra toujours la moquer, elle
garde en elle ses records, beaucoup d’autres, comme le plus grand écart dans un
match, le nombre de buts sur un aller/retour et les plus grands retournements
de situation comme le Metz-Barcelone de 84.
Et en plus, et en plus elle a été
précurseur d’un autre phénomène, celui des vainqueurs qui n’ont rien à y faire,
les vainqueurs sans coupe qui n’est pas sans rappeler la C1 actuelle : 5
clubs ont gagné la coupe des coupes sans être le tenant de la coupe nationale :
Fiorentina en 61, Rangers en 72, Anderlecht en 78, Dynamo Tbilissi en 81,
Barcelone en 97.
Voilà rapidement pour son
histoire. Avec des clubs prestigieux, qui n’ont eu que ça avant une C1 tardive comme
la Juve et le Barça, ou symbole du renouveau des clubs anglais après
l’exclusion suite au Heysel avec United en 91, elle a fièrement tenu bon
jusqu’en 99 où la pression du spectacle, du football mondialisé ne peut plus
laisser la place à des matchs de seconde zone. La division politique du Mur de
Berlin laisse donc la place à la division économique du mur de l’argent qui
fera le bonheur des plus riches et des spectateurs. Mais c’est parce que la
coupe d’Europe des clubs champions a abandonné son identité que la C2 a perdu
son sens, même si au final les 11 derniers vainqueurs étaient issus des 5
grands championnats. La place n’était déjà plus à la surprise, la valeur médiatique
a dépassé l’intérêt de son essence. Une compétition dorénavant dans nos
mémoires.
The Spooner.
Sur twitter @TheSpoonerWay
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